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Saida Dorra Mahfoudh Draoui est professeure de sociologie à l’Université de Tunis, chercheure en sciences sociales et experte en études genre et en formation des adultes. Elle a mené de nombreuses enquêtes sur des thèmes comme le budget temps des hommes et des femmes, les disparités de genre en éducation, le couple et les rapports hommes femmes, le travail, la syndicalisation et la participation politique des femmes, les adolescent·e·s, le voile, etc. Des consultations et expertises effectuées pour le compte d’organismes tels que le PNUD, le FNUAP, ONUFEMMES, lui ont permis d’acquérir une compétence opérationnelle dans l’évaluation, l’audit genre et l’élaboration de stratégies nationales d’intégration du genre. Elle a publié récemment : Pour une sociologie de l’adolescence en Tunisie (avec Imed Melliti, 2006), Genre et participation des femmes à la vie publique (2008), Mobilisations des femmes et mouvement des femmes en Tunisie (avec Amel Mahfoudh, NQF n° 2, 2014), Les femmes dans les hautes fonctions de l’administration publique tunisienne (OCDE, 2017). Elle s’est parallèlement investie dans plusieurs association scientifiques : l’AISLF, l’Association maghrébine des études de population (AMEP), l’Association des femmes tunisiennes pour la recherche et le développement (AFTURD), l’Association des femmes africaines pour la recherche et le développement (AFARD), l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) et le Collectif 95 Maghreb Égalité. Elle a enfin été membre de la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, des réformes politiques et de la transition démocratique en Tunisie.
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Sihem Najar est socio-anthropologue, professeure à l’Institut de presse et des sciences de l’information, université de la Manouba et chercheure associée au CAWTAR et à l’IRMC. Ses travaux de recherche portent sur les négociations identitaires dans un environnement social en pleine mutation (pratiques juvéniles, usages des réseaux socionumériques, rapports de genre, pratiques alimentaires…). Elle a dirigé le projet de recherche « Jeunes, légitimités et reconnaissance sociale dans les processus de transformations sociopolitiques en Tunisie » (2014-2018, ONJ et CRDI) et coordonné le programme « La communication virtuelle par l’Internet et les transformations des liens sociaux et des identités en Méditerranée » (2009-2013, IRMC). Son dernier ouvrage, Écrire sur les jeunes. Des réalités juvéniles questionnées par la jeune recherche en Tunisie, codirigé avec Lilia Othman Challougui, est paru en 2019 (L’Harmattan, ONJ).
Sihem NAJAR, professeure, Institut de presse et des sciences de l'information, université de la Manouba, Tunisie
Résumé : Cette intervention questionne l’écriture sociologique en tant que processus long et très souvent ponctué d’embûches, d’autant plus complexe qu’il met le sociologue face à la nécessite d’avoir un regard réflexif sur son discours et les conditions de sa validité scientifique. Les enjeux de l’écriture sociologique en Tunisie seront envisagés sous trois registres : le premier concerne le passage du discours ordinaire au discours savant, avec tout ce que cela implique comme questions d’ordre épistémologique ; le deuxième, renvoie aux problèmes qui se posent à l’écriture sociologique quand elle part d’une langue (et par là-même d’un dialecte caractérisé par une grande diversité phonétique, rhétorique, lexicale...) autre que celle utilisée pour l’analyse scientifique ; le dernier, de type heuristique, concerne le choix d’écrire dans une perspective qui se démarque de l’approche positiviste (qui facilite la rupture avec le sens commun) – qui a caractérisé la majorité de la première génération des sociologues tunisiens – pour s’inscrire dans une démarche compréhensive, voire subjectiviste « plus collée » au sens commun, plus ouverte sur des pratiques d’écriture diverses et nouvelles.
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Meryem Sellami est socio-anthropologue, enseignante-chercheure à l’université de Tunis. Elle mène depuis quelques années un travail de terrain sur le genre en France et en Tunisie. Le rapport au corps, les conduites à risque et la construction de l’identité chez les adolescents constituent des questions que l’auteure explore de manière transversale dans ses recherches. Elle est aussi conférencière et formatrice auprès des professionnels autour de ces thématiques. Elle est auteure du livre Adolescentes voilées. Du corps souillé au corps sacré, PUL/Hermann, Québec/Paris, 2014 et co-auteure de Jeunes et djihadisme. Les conversions interdites, PUL/Chronique Sociale, Québec/Lyon, 2016.
Meryem SELLAMI, maître-assistante, faculté des sciences humaines et sociales, université de Tunis, Tunisie
Résumé : Nos recherches sur le vécu des corps en Tunisie ont l’ambition de contribuer un tant soit peu à produire une connaissance « affranchie » d’une certaine tradition d’essentialisation de cette culture sous le terme générique de l’Islam dans un contexte où les études post-coloniales prennent de plus en plus d’ampleur. En présentant, succinctement, les résultats de nos recherches sur les normes du corps et leurs négociations chez les adolescents tunisiens, ainsi que l’étude nationale sur la violence fondée sur le genre que nous avons co-dirigée de 2013 à 2015, nous tenterons de présenter l’intérêt, mais aussi les multiples risques et enjeux impliqués dans l’étude des politiques du corps en Tunisie, telle la dérive culturaliste, qui pourrait enfermer les actrices sociales dans une posture de « victimes ». Là où celles-ci, en prenant pleinement part au processus révolutionnaire en cours en Tunisie, ont déployé des capacités d’agir extrêmement fécondes.
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Ridha Ben Amor est professeur de sociologie à la faculté des Sciences humaines et sociales de Tunis et membre de l’unité de recherche Transmission, Transitions, Mobilité, université de Tunis. Ses recherches portent depuis quelques années sur le lien social sur lequel il a publié un livre (Les formes élémentaires du lien social en Tunisie, 2011, L’Harmattan), les formes de résistance et la question de la reconnaissance chez les jeunes ainsi que sur la question de la citoyenneté. Parmi ses travaux les plus récents, un texte dont il est co-auteur avec Imed Melliti intitulé : « Travail et principes de justice chez les jeunes en Tunisie » in Le travail mondialisé au Maghreb. Approches interdisciplinaires et jeux d'échelles, sous la direction de Y. Benarrosh, Éd. IRD/CJB, 2019.
Ridha BEN AMOR, professeur, faculté des Sciences humaines et sociales, université de Tunis, Tunisie
Résumé : Ne pouvant être exhaustif, cet exposé se contentera d’esquisser quelques pistes de réflexion. Il mettra l’accent sur certaines dimensions proches de l’économie morale abordées par quelques travaux s’articulant autour de thèmes tels que la reconnaissance, la dignité et l’injustice. Cette approche, qui paraît féconde à un moment où un tel discours sature l’univers de sens des jeunes, a du reste pris pour cible divers objets dont l’école, le travail, la famille ou encore le champ résidentiel. Mais la réflexion sociologique a récemment embrassé d’autres objets, à commencer par le décryptage des formes de résistance à la domination ; orientation d’autant plus prometteuse qu’elle s’inscrit souvent en faux contre une doxa évacuant pour ainsi dire la politique de l’univers social des jeunes. Certes, alors en même temps que la parole se libère, de nouvelles formes d’action et de protestation voient le jour, à la faveur desquelles des registres de la critique se déploient. Cependant, l’on insistera ici sur les modes de résistance à la domination, c’est-à-dire les formes de discours, de pratiques et d’actions pouvant être répertoriées comme « arts de la résistance ». L’exposé empruntera enfin le chemin des perspectives qui s’ouvrent à ces deux champs de la recherche.
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Fethi Rékik est professeur de sociologie à l’université de Sfax, directeur du laboratoire ECUMUS (État, culture et mutations des sociétés). Ses champs d’intérêt tournent autour de trois objets : la sociologie de la migration, dont la mobilité des étudiants dans l’espace euro-méditerranéen et subsaharien, la sociologie du travail et de la jeunesse (flexibilité du travail, employabilité des diplômés, etc.) et l’étude des processus de radicalisation et de dé-radicalisation.
Fethi RÉKIK, professeur, faculté des lettres et des sciences humaines, université de Sfax, Tunisie
Résumé : La production de la première génération de sociologues tunisiens, des années 1960 et 70, s’est focalisée sur le développement conduit par l’État indépendant, érigé en acteur central se proposant de façonner la société. Mimant l’expérience de l’État-nation européen, l’État tunisien jette les bases de la citoyenneté via le travail dans sa variante évoluée : l’emploi. Mais le compromis fordien sur lequel repose la société salariale ne dure pas longtemps et l’on assiste au recul du rôle de l’État employeur et à la montée d’une économie parallèle fondée sur des réseaux de relations autres que celles des institutions modernes. Ainsi le regard est déplacé de la centralité de l’État vers une centralité des liens générant du travail. Déplacement qui n’est pas sans influencer l’évolution sociale et politique de la Tunisie post-révolution : un monde social reconfiguré moins sur la base de rôles stables et hiérarchisés selon un ordre méritocratique que sur des projets ponctuels mettant à l’épreuve des compétences relationnelles ; une perception du politique plutôt pragmatique et mouvante qu’idéologique et définitive.