AISLF Tunis 2021

Le Congrès est organisé à distance

CR01 - Identité, espace et politique

Correspondant pour le Congrès : Hervé MARCHAL - herve.marchal@u-bourgogne.fr


Appel à communiquer du CR01


Des morales marquées spatialement, déclinées identitairement et affirmées politiquement

Le Comité de recherche « Identité, espace et politique » propose d’interroger les trois notions autour desquelles se structurent ses activités depuis ses débuts. Nous proposons donc de questionner les notions d’espace, d’identité et de politique au regard des enjeux normatifs de « la société morale » contemporaine.

Des espaces marqués, très marqués…

Force est d’observer combien l’espace « parle » et « traduit » nombre de morales arbitraires : ici un mobilier urbain qui dit que c’est mal de « stagner », là un quartier pavillonnaire protégé derrière des murs qui font comprendre que l’« étranger » n’est pas le bienvenu, ailleurs des grilles fermées qui rappellent qu’un seuil sépare eux et nous… C’est bien l’espace marqueur de régions morales différentes et fragmentées qui est alors au centre des questionnements sociologiques. En outre, parce qu’aucun être humain ne vit hors sol, les enjeux ne sont-ils pas aussi bien sociologiques qu’anthropologiques ?

Des identités à la dérive

La problématique identitaire se trouve dans une large mesure au centre des enjeux normatifs contemporains étant donné que les dérives identitaires s’accompagnent trop souvent de l’imposition radicale de formats moraux. L’Autre est alors soit dénié/rejeté dés lors qu’il est étranger à ce qui est vécu comme un absolu, soit enrôlé pour former des entre-soi normatifs qui défont la société. Plus largement, derrière toutes les dérives identitaires actuelles dont les métaphores de « racines », de « souches » ou encore de « terreau » n’en sont qu’une expression parmi d’autres, se posent les questions du sens de l’altérité. Certes, les identités collectives renvoient à une logique universelle de distinction : il n'existe pas de grands regroupements humains sans qu'il n'existe d'imaginaires communs et de regards objectivés sur l'autre. Mais le regard sociologique ne doit-il pas interroger sans détour les dérives culturalistes et identitaires trop enclines à plaquer de « la culture » ou de « l’identité » là ou il n’y en a pas, à ostraciser plutôt qu’intégrer ?

Des politiques radicales

Toute croyance culturaliste radicale produit souvent ses propres effets dans la mesure où elle impose en actes une réelle marginalisation sociale des populations « autres » qui se replient sur une culture/morale alors revendiquée : la désorganisation politique imposée produit dans ce sens de la réorganisation politique tout aussi subie… L’enjeu analytique n’est-il pas d’interroger autant les conditions politiques, institutionnelles ou culturelles que les conditions subjectives et vécues (ressenti, rapport au corps, à soi, à l’autre…), des phénomènes de repli, subi comme choisi, articulés autour de morales naturalisées ou absolutisées à l’origine de politiques radicales ? Il est alors crucial d’interroger ce qui rend pensable et possible telle « morale politique » à travers un travail sociologique de dénaturalisation ou de démythification ; travail salutaire pour rendre visibles les processus de construction sociale et d’invention de formes de vie humaines, tellement humaines… L’objectif n’est-il pas également de penser l’émergence de sujets politiques pour passer de la morale à l’éthique en se permettant, notamment, d’appréhender l’autre aussi bien dans son irréductible singularité (empathie) que dans son incoercible universalité (sympathie) ?


Complément d'appel à communiquer du CR01 :

En lien avec la crise sanitaire liée à la Covid-19, le CR01 propose d’ouvrir un espace d’échanges pour interroger sociologiquement cet épisode inédit. Il peut, notamment, s’agir de voir dans quelle mesure cette crise est loin de n’être que sanitaire mais aussi et surtout politique, économique, culturelle, symbolique et éthico-existentielle. En effet, outre les questions essentielles relatives à la liberté, au contrôle, au numérique ou aux frontières, cette période sans précédent interroge le sens même de l’aventure humaine et, par extension, la place et la vulnérabilité de l’être humain dans le monde. Ceci invite à analyser de près les effets sur les façons d’habiter, de se définir (soi et les autres), de bouger, de communiquer ou encore de percevoir ce qu’on appelle « la nature » pour saisir les continuités et les éventuelles ruptures. Parallèlement, il semble important d’interroger cette crise mondialisée qui n’est pas mondialisante comme le montre chaque jour les replis politiques, identitaires, culturels, économiques…