AISLF Tunis 2021

Le Congrès est organisé à distance

CR06 - Parcours de vie et vieillissement

Correspondante pour le Congrès : Ingrid VOLÉRY - ingrid.volery@univ-lorraine.fr


Appel à communiquer du CR06


Parcours de vie, vieillissements et morale au seuil du XXIe siècle

Par sa définition, sa mesure, son expérience et son encadrement politique, le vieillissement est intimement lié à la morale. Lieu de lecture privilégiée des normes morales, la vieillesse fait par exemple partie des « oisifs » étudiés par Michel Foucault (1999) pour appréhender les critères à partir desquels les sociétés occidentales du XIXe siècle ont défini des altérités et des normalités. Et un siècle et demi plus tard, elle fera à nouveau l’objet d’une morale du « bien vieillir » qui l’enjoint à l’action (Crignon-De Oliveira, 2010). Entre vieillissement et morale, les liens sont constants mais ils dépendent aussi des époques, des contextes et des niveaux d’analyse que le chercheur choisit. Toutes les contributions interrogeant ces liens sont les bienvenues – en particulier, celles reposant sur des terrains d’enquête. Pour aider à la réflexion, trois pistes sont par ailleurs suggérées.

1. Morale et vieillissement dans les arènes publiques

Le premier axe concerne l’étude des politiques publiques et des arènes médiatiques s’attachant à requalifier le vieillissement en des termes moraux, à l’instar de l’actuelle redéfinition de la vieillesse en termes de « vulnérabilité » ou de la promotion de la morale du « bien vieillir ». Cette redéfinition signe-t-elle le glissement d’un registre politique assurantiel à un registre moral humaniste (l’accompagnement éthique individuel de vulnérabilités singulières) et responsabilisant (chacun devenant comptable de la manière dont il vieillit) ? Implique-t-elle un changement des groupes sociaux et des savoirs mobilisés pour définir les termes d’un juste traitement (débats éthiques) (Rose, 2007) ? Cet axe est aussi l’occasion de questionner les « paniques morales » (Cohen, 1972) entourant l’âge et plus particulièrement le vieillissement (cf. le « fardeau de la dépendance »). Dans quels contextes particuliers ces « paniques morales » surviennent-elles ? Par quels groupes sont-elles portées et avec quels arguments ?

2. Morale et solidarités publiques et privées durant le parcours de vie

Le second axe concerne les solidarités engagées autour du vieillissement. Dans un contexte de légitimation croissante des valeurs individualistes, des enquêtes d’envergure (ERFI, GGS, SHARE) montrent une transformation des principes moraux sous-tendant l’accompagnement des personnes âgées : passage de la solidarité inconditionnelle à la solidarité négociée, souci des générations aînées de ne pas « peser », normalisation de la solidarité conjugale posant la question des personnes âgées échappant à ces standards conjugaux (personne seule, couple sans co-résidence, intermittent, LGBTQI, etc.). Comment ces normes morales se déclinent-elles selon les milieux sociaux, le genre, les statuts d’âge, les lieux de vie (rural, urbain, péri-urbain) ou les contextes politiques (différences Nords-Suds) (Attias Donfut et Litwin, 2015) ?

3. Le vieillissement entre science et morale : approches épistémologiques

Ce troisième axe interroge les concepts utilisés dans les recherches sociologiques sur le vieillissement : à quels paradigmes les termes d’inégalités, domination, empowerment, vulnérabilité renvoient-ils ? Dans quels contextes politiques se déploient-ils ? Quelles références morales véhiculent-ils ? Ici sont attendues des contributions replaçant ces notions dans une sociohistoire plus large du vieillissement (Faya-Robles, 2018).

Session commune CR06-CR31

Enfance / vieillesse : des lieux de lecture des normes morales des sociétés contemporaines

Les représentations vernaculaires des âges de la vie conduisent à penser enfance et vieillesse dans une opposition assez forte : signe d’acquisitions de capacités dans un cas, chronique de pertes annoncées dans l’autre. Pourtant, elles constituent toutes deux des lieux de lecture privilégiée des visions de l’avancée en âge et derrière elles, du type d’« individualité » aujourd’hui valorisé. Cette session commune entend contribuer à la rencontre des deux champs autour de plusieurs questionnements.

Enfance et vieillesse pourront, par exemple, être mises en perspective en regard des expériences sociales de l’avancée en âge. Dans les deux cas, elles sont analysées comme un processus de réorganisation permettant une adaptation de l’individu à une variation de ses possibilités et de ses occasions d’engagement. Mais si la sociologie du vieillissement parle de déprise et de fragilité, la sociologie de l’enfance évoque, elle, la vulnérabilité et l’agency. Quels points communs/différences entre ces notions ? Que permettent-elles d’éclairer dans ces deux champs respectifs ?

Sur un autre registre, enfance et vieillesse renvoient à des positions de minorité à protéger, de charge (volontaire ou non) pour les autres générations. C’est donc deux temps/groupes autour desquels naissent des paniques morales dont les mises sur l’agenda politique des divers États-Nations doivent être étudiées.