AISLF Tunis 2021

Le Congrès est organisé à distance

CR11 - Histoire de la sociologie

Correspondante pour le Congrès : Patricia VANNIER - patricia.vannier@univ-tlse2.fr


Appel à communiquer du CR11


Science morale et histoire de la sociologie

Le thème général du Congrès « La société morale. Enjeux normatifs dans les sociétés contemporaines » nous invite à réfléchir sur notre discipline en revenant à ses débuts. En effet, dès sa naissance, la sociologie a été confrontée à la question morale face aux changements sociaux, économiques, politiques que connaissaient alors les sociétés capitalistes à la fin du XIXe siècle. Ce thème, central en philosophie, fut retraduit d’un point de vue sociologique, notamment par Émile Durkheim qui démontra qu’un fait moral est avant tout un fait social et étudia les phénomènes moraux dans le but de construire une morale sociale

La question morale chez Émile Durkheim

C’est donc l’occasion de revisiter son œuvre et de replacer à l’aune de cette question le concept d’anomie. On pense notamment à L’Éducation morale, premier cours qu’il donna à La Sorbonne en 1902-1903, aux liens qu’il établit entre la morale et l’État, entre la morale et le droit ou entre la morale et la religion. Mais il s’agira aussi d’en contextualiser l’œuvre en revenant sur les débats et polémiques entre sociologues et avec les philosophes.

La question morale depuis Durkheim et dans d’autres traditions sociologiques

Si depuis la question morale est apparue moins centrale chez les sociologues du XXe siècle qui l’abandonnèrent en quelque sorte aux philosophes – il serait d’ailleurs intéressant de s’interroger sur les raisons de ce moindre intérêt – elle a néanmoins été traitée par certains auteurs. Georges Gurvitch par exemple écrivit en 1937 Morale théorique et science des mœurs, en hommage à Lucien Lévy-Brulh, et tenta de développer une sociologie de la vie morale. On pourra mesurer l’influence durkheimienne chez ces sociologues, et plus récemment chez les pragmatistes, qui ont mis la morale au centre de leur étude. Il sera également intéressant d’observer la place qu’occupe la question morale dans d’autres contextes nationaux et traditions sociologiques.

La morale : un objet sociologique et/ou philosophique ?

Cette question interroge nécessairement sur les rapports entre la sociologie et la philosophie, mais aussi sur les oppositions quant à la définition de la morale – et/ou de l’éthique –, leurs influences et leurs méthodes. La sociologie de la vie morale n’est-elle qu’une duplication de la philosophie morale ?

L’engagement des sociologues : une question morale ?

Par ailleurs, les pratiques sociologiques ne sont peut-être pas tout à fait exemptes de morale, que ce soit dans le choix des objets d’études, des méthodes, des approches théoriques ou dans des engagements associatifs, politiques… Certains sociologues seront bien sûr facilement identifiables car connus, tels Pierre Bourdieu par exemple, quand d’autres seront plus anonymes mais pas moins engagés. Cela peut être l’occasion de portraits sociologiques inédits où la morale occuperait une part non négligeable.

C’est donc bien un retour sur l’histoire de la sociologie depuis sa naissance et une réflexion sur notre discipline que nous proposons afin de mieux comprendre les enjeux actuels. Ainsi, dans un contexte de plus en plus mondialisé, le caractère universel de la morale sociale n’est-il pas devenu anachronique ou peut-il au contraire retrouver toute sa pertinence aujourd’hui ?

Une dernière session portant sur l’actualité des recherches en histoire de la sociologie permettra de présenter des travaux en cours dont les thèmes ne correspondent pas aux thématiques proposées.


Complément d'appel à communiquer du CR11 :

En réponse à la demande du comité d’organisation du Congrès de prendre en compte dans notre appel à communication les effets sociaux de la pandémie, le bureau du CR11 consacrera une séance aux « sociologues face aux crises ». En effet, le siècle dernier a été traversé par un grand nombre de tensions. Depuis l’affaire Dreyfus jusqu’à Mai 68, en passant par la guerre de 14-18, la grande dépression de 1929, la seconde guerre mondiale, la guerre froide, les guerres d’indépendance dont la guerre d’Algérie… Ces diverses situations de crise ont conduit des sociologues à prendre position et/ou à produire des analyses. À partir d’exemples empruntés à l’histoire de la sociologie, nous proposons à travers ce thème de réfléchir à ce que peut être une sociologie de la crise, faite à chaud. Peut-on échapper aux passions, à l’aveuglement ? Comment être un analyste engagé et lucide ?