AISLF Tunis 2021

Le Congrès est organisé à distance

CR16 - Sociologie professionnelle

Correspondante pour le Congrès : Faouzia BOURISSA - fawziaantit@gmail.com


Appel à communiquer du CR16


La sociologie professionnelle face aux enjeux moraux

Qu’entend-on par société morale et en quoi cela fait-il écho aux enjeux que traverse la sociologie professionnelle contemporaine ? Par cette formulation il s’agit de prendre en compte l’émergence historique d’un sujet moral qui juge en permanence du bien et du mal. La généralisation à l’échelle mondiale de l’information, le développement de la science et de son ethos critique et réflexif, et surtout l’exacerbation des inégalités couplée à une demande d’égale dignité des êtres humains, expliqueraient le développement de cette figure qui ne serait pas spécifique au monde occidental. Peut-être parce qu’elle s’exerce en priorité au sein même du monde social plus qu’en laboratoire de recherche, la sociologie professionnelle est très directement aux prises  avec cette figure du sujet moral qui la concerne directement. Le fait d’analyser la société tout en se demandant en permanence pour qui et avec quels effets sur les acteurs et les institutions, constitue une caractéristique forte et ancienne de l’exercice de la sociologie professionnelle.

Les sociologues professionnels étant plus souvent placés soit dans un rapport hiérarchique s’ils sont salariés ou de prestataire de service s’ils exercent en libéral, le rapport à la commande ou à l’autorité, se pose avec une acuité particulière, différente du cadre universitaire régulé par les libertés académiques. La relation à la nature de l’intervention et les règles déontologiques à appliquer dans toute activité de type sociologique sont des questions qui ne sont pas nouvelles, mais qui se réactualisent lorsque l‘exercice de la sociologie professionnelle se déplace du diagnostic vers de nouveaux horizons : la préconisation d'un changement organisationnel, la définition de modalités de conduite de projet et plus encore, de leur mise en œuvre. La diffusion récente de politiques de capacitation et de dispositifs de responsabilisation auxquels sont confrontés nombre de sociologues professionnels, dans le champ des politiques publiques et des entreprises, constitue un autre motif d’invitation à en étudier le rôle joué par leurs dimensions morales et normalisatrices, évidentes ou implicites.

Enfin, le modèle de la recherche collaborative qui constitue un nouveau cadre de l’action pour de nombreux sociologues professionnels en ce qu’il oblige à  négocier méthodes et résultats avec de nouvelles catégories d’acteurs – notamment des partenaires qui ne sont pas soumis aux mêmes principes déontologiques que les sociologues – apparaît propice pour penser le rapport entre morale et action dans le champ de la sociologie professionnelle. Des propositions de communication sont attendues autour des thèmes suivants :

1- Formes d’interventions sociologiques et enjeux éthiques

Quels sont les effets produits par les formes d’intervention professionnelle, en particulier collaboratives, sur les méthodes en jeu mais aussi sur la nature de la relation entre professionnels, profanes et experts ? Comment les cadres éthiques de l’activité professionnelle sont-ils construits ? Quelles sont les variations selon les secteurs d’activité ? De quelle manière les contextes nationaux d’exercice du métier de sociologue jouent sur ces formes ?

2- Enjeux moraux et conséquences pour la formation des professionnels

Les nouveaux enjeux moraux rencontrent-ils les programmes des formations à la sociologie professionnelle et si oui, de quelle manière ceux-ci sont-ils intégrés aux cursus ? Qu’est-ce qu’un enseignement à  la déontologie en sociologie aujourd’hui ? Comment les contextes nationaux font-ils varier et évoluer les référentiels et contenus ? En quoi ces nouveaux enjeux génèrent-ils de nouveaux profils d’emplois pour les sociologues ?

3- Rapport à la commande et éthique professionnelle

Comment les relations contractuelles entre professionnels et commanditaires sont-elles conçues et, le cas échéant, formalisées dans un contexte de demande croissante de justice, qui varie certainement selon les contextes nationaux ? Comment les sociologues intègrent-ils ces demandes dans leurs prestations et dans les relations partenariales avec leurs commanditaires et partenaires ? Quels en sont les contraintes ou les conséquences sur les positionnements professionnels des sociologues praticiens ?

4- Nouvelles méthodes d’investigation et enjeux moraux

À l’heure des big data et du règlement général sur la protection des données (RGDP), comment les sociologues intègrent les nouvelles réglementations à leurs pratiques de telle sorte que les enjeux moraux, en particulier de respect de la vie privée ou la recherche du consentement, soient pris en compte ?