AISLF Tunis 2021

Le Congrès est organisé à distance

CR21 - Transactions sociales, cultures, émancipations

Correspondante pour le Congrès : Josiane STOESSEL-RITZ - josiane.stoessel-ritz@uha.fr


Appel à communiquer du CR21


Des transactions sociales pour des communs. Au cœur des enjeux éthiques des sociétés en transition

L’avènement d’une société morale participe à la mise en scène d’une vie sociale prise au piège d’une justification permanente dans un espace communicationnel qui s’imposerait au jugement de tous. Tout se passe comme si cet appel sonnait le glas des systèmes de valeurs aujourd’hui en panne, chacun étant sommé de trouver sa place dans les oppositions binaires qui se radicalisent (bien/mal, paix/guerre, coopération/exclusion, etc.). Cette modernité radicale nourrit des frustrations et exacerbe des sentiments légitimes d’injustice. Elle est le produit d’un processus de dérégulation globale qui instaure le marché comme instance supérieure d’organisation des échanges humains et sociaux. Cette mutation accélère la dégradation des conditions de vie, de travail et de santé des populations et de leur environnement ; elle s’accompagne d’une prise de conscience collective de l’épuisement du modèle de progrès économique né après-guerre avec « l’État social ».

Cette analyse des controverses et des conflits inscrit la question dite morale dans une manière de penser le développement comme une croyance occidentale. En boomerang, elle met à l’épreuve les capacités des individus à s’engager dans le « faire société », d’une manière solidaire et durable ‒ avec des transitions nécessaires ‒ dans les modes de vie, de travail, de consommation et de coopération.

Pour le CR21, ce contexte ravive l’actualité du paradigme de la transaction sociale pour aboutir à de la coopération avec ses ennemis et passer des conflits antagonistes (lutte à mort) à des conflits agonistes entre des adversaires (coopération conflictuelle) qui reconnaissent leurs divergences pour trouver un compromis négocié. Ces accords peuvent rester tacites, permettant de s’engager concrètement dans les transitions nécessaires face aux défis sociaux, économiques et écologiques. Cet appel met l’accent sur les conditions de la transaction sociale et ses effets à différentes échelles, en s’appuyant sur des travaux empiriques organisés en quatre axes :

1. Des transactions sociales pour que chacun trouve sa place

Les inégalités se creusent entre des individus qui n’ont plus de prise sur un environnement, (dés)organisé et instable, vecteur d’isolement. Comment se reconstruisent des liens sociaux à l’épreuve de l’insertion, de la migration, de la rupture ? Comment s’expriment les résistances et les attachements ? Des transactions sociales identitaires sont-elles possibles et avec qui ? Quelles formes de réflexivité dans un tel contexte ?

2. Controverses autour des communs et transactions sociales

L’action collective et les initiatives de l’économie sociale et solidaire (ESS) sont productrices de valeurs qui sont des alternatives, au moins partielles. Cette mobilisation concerne des biens, matériels ou non, dont l’usage est indispensable à la vie des habitants. Quelles compétences légitiment l’action des citoyens dans la négociation des communs ?

3. Configurations multiculturelles et coexistence dans les espaces urbains et ruraux

La place des espaces et du temps dans le processus de transaction sociale ?
Pluralisme des valeurs et des savoirs, quelles légitimités ?

4. Transactions sociales vers un processus d’émancipation sociale

L’ESS est un terrain d’émancipation par la réappropriation de ressources. Quelles sont les compétences sociales propices aux transactions sur des valeurs ? L’ESS comme utopie pratique de la liberté : quels compromis et transactions sociales ?

Session commune CR21-CR27

L’économie sociale et solidaire, espace d’émancipation sociale pour le bien commun

L’économie sociale et solidaire (ESS) est le creuset fécond d’initiatives collectives innovantes car elle cherche à concilier dimensions économique et politique. Pour cette raison, elle occupe une place inconfortable au cœur de tensions irréductibles, tout en étant porteuse de dynamiques de transformations sociales par un lent processus d’affranchissement des routines, générant des capacités nouvelles des individus qui s’engagent librement. Cet appel, commun aux CR21 et au CR27, questionne l’ESS comme espace de pratiques de liberté, entre autonomie et interdépendance, qui participe de formes d’appropriation des ressources pour les individus (valeurs, lien social) et d’ouverture à l’engagement et l’émancipation par des compétences réflexives.

Cette séance s’intéresse aux travaux empiriques qui analysent les pratiques concrètes d’émancipation par des activités sociales et des possibilités d’affirmation de valeurs alternatives. Il s’agit de mieux comprendre comment des transactions sociales aboutissent à de nouvelles formes de légitimité par des séquences d’échanges et par des compromis pratiques. Elle est particulièrement ouverte à des contributions tant théoriques qu’empiriques sur :

  • ce qui fait la spécificité de l’ESS au-delà des statuts ;
  • la description précise d’expériences et leur multidimensionnalité ;
  • les processus d’institutionnalisation entre innovation et normalisation.