AISLF Tunis 2021

Le Congrès est organisé à distance

CR22 - Entreprise et société

Correspondante pour le Congrès : Sophie BRETESCHÉ - sophie.bretesche@imt-atlantique.fr


Appel à communiquer du CR22


L’entreprise comme espace de production et d’expression morale

Si la question de la morale comme catégorie sociologique constitue le thème de ce congrès, elle émarge comme une problématique pour questionner les relations entre Entreprise et Société.

Le désenchantement de l’entreprise et la montée d’une critique sociale atteignent tout autant son objet social, ses modes de gourvernances, ses dispositifs organisationnels, techniques ou gestionnaires dans leurs effets sociaux, que l’imaginaire d’horizontalité, d’autonomie et de liberté dont se parent les nouveaux modèles d’entreprise. De fait, de nombreux travaux sociologiques  reconvoquent les concepts anciens de domination, d’aliénation et d’injustices pour rendre compte de la vie qui s’y déroule. Ils omettent cependant des nuances, la diversité de rapports sociaux et de qualité de vie au travail dans les organisations contemporaines, mais mettent en évidence l’illégimité des normes sociales alors même que les individus s’y soumettent. L’« acteur moral » continue de s’exprimer sous la forme de plainte, de revendications, de contestation parfois radicales, ou de retrait cynique. Parfois  les normes de l’entreprise et des individus s’accordent pour produire une culture partagée et faire de l’entreprise une institution importante de nos sociétés.

Pour autant, c’est bien autour de la question de dilemmes éthiques que le vécu au travail devient massif. Si la matière première de l’activité devient cette d’arbitrages face à des questionnement moraux, il devient opportun de considérer l’entreprise comme un espace où émergent des conflits ayant trait à la morale mais aussi comme un espace de production de morale et donc de socialisation.

C’est aussi en considérant que la réflexivité devient une compétence centrale pour l’individu dans sa quête de reconstruire les fondements d’une morale donnant sens à sa vie, que les dispositifs (coaching et plus largement les formes d’accompagnements individuels et collectifs) peuvent être interrogés comme vecteurs de production d’une morale qui soutienne les engagements subjectifs.

En élargissant la perspective, ce qui se joue dans l’entreprise se rejoue aussi à l’échelle de nos sociétés contemporaines et invitent à examiner les interactions entre entreprises et sociétés, en considérant peut-être la maille d’un territoire comme espace pertinent pour rendre compte de cette dimension de la morale dans les interactions entre organisations localement. Comment s’imbriquent et se confrontent des conceptions différentes de ce qui est moral ou pas ? Comment produisent-elles du « commun »  ou des clivages plus profonds, empêchant l’agir collectif ?

À cette fin plusieurs axes peuvent être identifiés aux différentes sessions du CR22 :

  1. L’entreprise  un acteur de morale ?
  2. Le territoire comme espace  de confrontation morale.
  3. L’intervention sociologique : activer un processus de réflexivité.
  4. Travail et entreprise : quelle place pour la  morale  ?
  5. Construction identitaire et culturelle : quelle étayage moral ?
  6. La mondalisation : une morale unique ou des morales multiples ?

Session commune CR15-CR22

Entreprise et travail : quelle place pour la morale ?

Comme institutions majeures de nos sociétés contemporaines, le travail et l'entreprise constituent des espaces de socialisation, dont les traces en termes de construction de soi  et de lien social sont altérées par les transformations accélérées des situations de travail. Pour un nombre croissant d’individus, le travail se présente sous sa forme du job, voire de l'activité empêchée ou du bullshits, là où ils aspirent à pouvoir s'y réaliser. De l'autre l'entreprise est considérée sous un lien contractuel et instrumental quand elle ne vise plus une intégration durable et une trajectoire possible par le développement de l'employabilité. De l'acteur ou du système, la production morale relève plus d'un questionnement que d'un enjeu pour les sociologues. Des exemples variés pourraient ainsi instruire cette question en montrant la manière dont les individus et collectifs investissent la sphère du travail et de l'entreprise selon ce registre du normatif, du sens ou de l'instrumentalité.