AISLF Tunis 2021

Le Congrès est organisé à distance

CR38 - Socio-anthropologie politique

Correspondante pour le Congrès : Christiana CONSTANTOPOULOU - christiana.constantopoulou@panteion.gr


Appel à communiquer du CR38


Mythologies postmodernes : images médiatiques des pouvoirs contemporains

La sociologie accorde (déjà depuis Durkheim, mais aussi après les analyses des Castoriadis, Durand, Duvignaud, Foucault, Lukhmann, Mannheim, Schutz, etc.), une place centrale aux représentations (aux mythes et aux symboles qui définissent et soutiennent l’être ensemble). Dans ce sens, on doit prendre en considération la dimension « mythique » de toute construction sociale et essayer de révéler les mythes dominants d’une époque (d’une culture, d’une génération ou d’une classe). L’imaginaire contemporain (les symboles qui expriment la vie contemporaine) comportant les représentations du « pouvoir » peut se rencontrer dans toute expression sociale : aussi bien dans le « politique » et les cérémonies officielles que dans les pratiques et les comportements de la vie quotidienne (dans les objets familiers, les rencontres, les narrations populaires).

Dans ce cadre, un champ idéal d’analyse des symbolismes contemporains autour du pouvoir ainsi que de théories et idées revêtant l’organisation sociale (et « politique ») en vigueur, sont bien entendu les diverses narrations médiatiques (tout particulièrement pour ce qui concerne l’objectif majeur du congrès de Tunis, à savoir les métamorphoses de la « question morale » au cœur des sociétés contemporaines). Il faudrait toutefois prendre en compte ce déferlement d’événements mis en récit par les médias que l’on nomme « récit médiatique » qui sollicite quotidiennement l’homme contemporain. Ce récit tend à envahir le champ de l’information et il devient aujourd’hui le modèle narratif dominant. Contrairement au « temps long » des récits historiques, le temps du récit médiatique ne s’octroie aucun recul. Il saisit le plus souvent le fait dans son immédiateté et le livre tel quel au lecteur ou au spectateur. Le récit médiatique participe d’un nouveau mode temporel d’existence traversé par une indomptable exigence : l’urgence.

Il est aisé de constater que le récit médiatique prend de plus en plus de place dans le champ de l’information. Il se pose en modèle narratif dominant, notamment dans les médias audiovisuels. (Lits, 1995). Les médias, essentiellement pour des raisons commerciales, forgent un nouveau mode de temporalité susceptible de contaminer tous les canaux de l’information ; autant avec M. Lits qu’avec E. Ayache (2006), on observera qu’avec le récit médiatique, on quitte le régime d’une temporalité longue de l’histoire pour entrer dans celui de l’instantané (où le « temps mondial » a les apparences de l’« événement », qui néanmoins se fabrique toujours et de plus en plus pour ressembler aux mythes dominants qui deviennent de plus en plus archétypiques et de plus en plus traditionnels).

L’appel invite des analyses des récits médiatiques contemporains qui révèlent des thèmes essentiels concernant des croyances (presque mondiales) sur les divers sens des pouvoirs (sens des « superpuissances », fantasmes sur des identités et des altérités, ou sur le contrôle social et les « pulsions – forces – de destruction », etc.) et qui constituent les mythologies postmodernes.


Complément d'appel à communiquer du CR38 :

Lors de la pandémie récente, les récits médiatiques (champ idéal d’analyse des symbolismes contemporains) ont révélé des questionnements majeurs sur les valeurs sociales en vigueur. Des questions éthiques autour des droits civils (ex. libertés abolies), de comportement civique (ex. réunions interdites, port du masque) du sens de la « santé », de la « maladie » et de la « mort » (surtout du « pouvoir sur la mort », question survenue dans les unités de soins intensifs), ont vu le jour de façon intense en étant reflétées dans les divers médias. Bien que le discours « rationnel » soit considéré comme seul légitime pour « décrire » la société contemporaine (surtout pour ce qui concerne la science et la médecine) une « réapparition » de rumeurs et de théories de complot essayant de faire face à un ennemi biologique presque inconnu, a vu le jour, alimentant les récits sociaux.
Cet appel complémentaire souhaite inviter des études sur des récits médiatiques lors de la pandémie, pour essayer de révéler, des structures communicationnelles de la société postmoderne : représentations, attitudes, mythologies, fantasmes, peurs et phobies, imaginaires, pouvoirs économiques, contestations et identifications.