AISLF Tunis 2021

Le Congrès est organisé à distance

GT21 - Diversité des savoirs

Correspondant pour le Congrès : Baptiste GODRIE - baptiste.godrie@umontreal.ca


Appel à communiquer du GT21


Production de l’ignorance

Cette session vise à explorer la thématique de la production de l’ignorance. L’épistémologie des sciences sociales s’est pendant longtemps attachée à circonscrire la nature du savoir scientifique, notamment en opposition au sens commun, aux croyances et aux savoirs locaux. L’ignorance demeure un point relativement aveugle au sein de ces travaux, et plus généralement des sciences sociales, qui la conceptualisent par défaut comme une absence de savoir.

Il importe, dès lors, d’analyser les différentes modalités de production et les usages de l’ignorance dans différents champs du social tout en situant l’émergence de l’ignorance comme champ de recherche contemporain, via le courants de l’épistémologie de l’ignorance (Sullivan & Tuana, 2007), de la sociologie de l’ignorance scientifique (Gross & McGoey, 2015) ou encore des travaux sur l’« agnotologie » (Proctor, 1995). En particulier, les débats seront orientés selon les quatre axes suivants :

1. Sciences et production de l’ignorance

En science, les choix épistémologiques, théoriques et méthodologiques construisent les savoirs autant que l’ignorance (Gross & McGoey, 2015). Soulignant l’importance de prendre conscience de ce qu’on ne connait pas, de ce qu’on ignore ignorer, Sousa Santos propose une sociologie des absences qui « vise à montrer que ce qui n’existe pas est produit activement comme non existant, comme une alternative non crédible, comme une alternative qu’on peut exclure, invisible à la réalité hégémonique du monde. » (2006 : 23) Les communications porteront autant sur les mécanismes de production de l’absence dans les sciences que sur les défis d’étudier et de faire émerger ce qui est invisibilisé par l’acte même de connaître.

2. Incertitude et société sous influences

Les communications porteront sur les processus sociaux producteurs de doute et d’ignorance en raison d'intérêts économiques ou politiques (Proctor, 1995 ; Proctor & Schiebinger, 2008 ; Foucart, 2014). Robert Proctor a, par exemple, travaillé sur l’industrie du tabac et les stratégies qu’elle a déployées pour invisibiliser les effets néfastes du tabac sur la santé (mise en doute des détracteurs en inversant le fardeau de la preuve, diffusion de fausses croyances auprès des consommateurs). Il peut aussi s’agir d’explorer les liens entre les concepts d’ignorance, de risque, de doute et d’incertitude.

3. Inégalités sociales et production de l’ignorance

L’ignorance peut desservir les groupes les plus marginalisés de la population et renforcer les inégalités sociales, comme elle peut avoir des effets émancipateurs et réduire les rapports sociaux inégalitaires. Les communications exploreront cette idée qui trouve notamment son origine et son développement dans les champs de la pédagogie, de la sexualité, du genre et de l’origine ethnique (Rancière, 1987 ; Schick, 1999 ; Mills, 2007 ; Tuana, 2006 ; Sullivan & Tuana, 2007). Les réflexions sur l’épistémicide, qui désigne le processus d’éradication de systèmes locaux de savoirs au cœur du projet colonial, en fournissent un bon exemple (Sousa Santos, 2014 ; Hall & Tandon, 2017).

4. Carte blanche aux propositions subversives

« Carte blanche » propose des communications relevant de la thématique de la session, mais ne s’inscrivant pas dans les axes mentionnés précédemment.