Place et usages du paradigme décolonial dans les sciences sociales de langue française
Introduites tardivement en France, les études postcoloniales y ont été l’objet de vives attaques et ont trouvé difficilement leur place au sein de l’université. Parce que l’approche postcoloniale s’est développée largement dans l’espace anglophone, elle a été considérée comme un phénomène d’importation, alors même que le philosophe et politologue camerounais Achille Mbembe dans son livre De la Postcolonie, s’interrogeait dès 2001 sur les impasses de la théorie sociale, incapable de penser les évolutions/révolutions du monde contemporain. Dans l’approche postcoloniale il ne s’agit pas de considérer que les décolonisations ont constitué une rupture et le passage à une ère des « indépendances », mais au contraire de poser que la colonisation n’a cessé non seulement de marquer les rapports politiques et sociaux au « Nord » comme au « Sud », mais aussi de structurer les modes de connaissance et de rapport au monde (Hall, 2007). On parle ainsi de « colonialité du pouvoir » (Quijano, 2007) ou de « colonisation du savoir » (Gordon, 2008). L’approche postcoloniale a ainsi permis de mettre à jour l’impensé colonial très largement présent dans les sciences sociales, tout comme la critique féministe avait rendu visible l’impensé androcentré (sous les sciences…). Elle pose ainsi des questions épistémologiques majeures. On peut en énumérer quelques unes :
Le paradigme décolonial prend en compte ces questionnements et propose des pistes qui toutes impliquent que l’on repense la notion d’universalité pour la rendre compatible avec celle d’une humanité nécessairement plurielle (Ali et Dayan-Herzbrun, 2017). Il s’agit alors, dans l’analyse des phénomènes sociaux contemporain d’opérer un décentrement, parfois même un renversement des perspectives, et :
Un ou plusieurs ateliers, constitués à partir des propositions qui parviendront au comité d’organisation, pourraient réunir des chercheurs autour de ces différentes thématiques.