AISLF Tunis 2021

Le Congrès est organisé à distance

GTE03 - Sociologie de la résistance ordinaire et de la reconnaissance

Correspondant pour le Congrès : Fethi REKIK - fethirekik@yahoo.fr


Appel à communiquer du GTE03


Les nouvelles formes sociales de contestation

Le Groupe de travail (GT) émergent réunira des chercheurs de deux laboratoires en sociologie, celui d’ECUMUS de la Faculté des Lettres et Sciences humaines de Sfax et celui du LAMES d’Aix-Marseille Université/CNRS. Il a pour objectif de promouvoir la jeune recherche au sein de ces deux unités sur des axes de travail en relation avec la thématique générale du congrès de l’AISLF. À l’appui de notions clés fondées sur des traditions de recherche en sociologie (Thompson, Honneth, Scott), le GT propose d’identifier l’émergence et l’action de groupes porteurs de changements sociaux profonds et durables. Les études portent toutes sur des terrains inédits, empiriques et comparatifs.

Longtemps l’apanage des philosophes, la question de la morale séduit plus que jamais les sociologues contemporains qui accordent de plus en plus une attention à l’individu et à la multi-dimensionnalité du phénomène social, dans un monde pluriel où les normes et les valeurs entrent en concurrence – ce que Max Weber a nommé la Guerre des dieux pour caractériser l’antinomie des valeurs dans le monde moderne. Les individus agissent en outre en fonction de leur propre logique, évaluation et vision du monde mobilisant des critères moraux ainsi que des affects, des sentiments et émotions éclairés par de récentes études en sociologie.

On assiste ainsi à la circulation de notions à connotation morale telles que celles de dignité, de mépris, de souffrance ou de vulnérabilité dans l’étude de contestations démocratiques portées par des personnes souffrant de privation de droits ou plutôt de « droit aux droits », de manque de respect (hogra), de reconnaissance sociale. Il en est ainsi de chômeurs, de mères célibataires, de jeunes mineurs isolés, migrants, habitants pauvres (femmes et hommes) de régions marginalisées, de quartiers gentrifiés, ou encore Amazighs, autant de groupes endurant des manquements à leur dignité - ces « gens d’en bas » selon les mots de E. P. Thompson – acteurs de luttes, de révoltes ou de rébellions à bas bruit.

Les liens sociaux et les solidarités se bâtissent à la fois sur une forte distance par rapport à l’État et sur des logiques de confiance inter groupale, voire interpersonnelle. La quête de reconnaissance s’achemine aussi via de nouvelles technologies de communication, de nouvelles formes d’organisation collectives et divers arts de résistance. Ainsi émergent de part et d’autre des deux rives de la méditerranée, des jeunes chômeurs initiateurs de mouvements disqualifiant l’ordre de grandeur méritocratique – le « mérite scolaire » – et valorisant le leur : « la morale d’une région » défavorisée appelant à l’ « équité régionale » ou plus largement l’« équité citoyenne » dans un environnement propre et la qualité de vie. Des personnes de formation scolaire ordinaire, novices en politique, conduisent des mouvements revendicatifs défiant les partis censés les représenter, l’artiste de rue engagé dans son quartier gagne en renommée sur les réseaux sociaux, et des associations connectées se fédèrent pour dénoncer les discriminations et violences en tous genres.

Le GT se donne comme objectif de comprendre/décrire/analyser ces processus et de réfléchir sur l’avenir et la portée de nouvelles formes sociales de contestation.