AISLF Tunis 2021

Le Congrès est organisé à distance

CR12 - Religions et sociétés

Correspondant pour le Congrès : Claude BOVAY - bovayclaude@gmail.com


Appel à communiquer du CR12


La religion actrice du débat moral contemporain

Au cours des derniers congrès de l’AISLF, le CR12 a abordé successivement la question des appartenances et des affiliations puis celle du déplacement des formes de contrôle social de la religion. Dans le cadre de l’appel à contributions pour le congrès 2020 à Tunis, nous souhaitons privilégier une problématique en lien avec le thème général du Congrès. Nous espérons à cette fin organiser deux ou trois sessions qui permettront d’approfondir la place de la religion dans les questionnements moraux contemporains.

La modernité a introduit une mise en question des cadres de référence et de la correspondance entre les repères moraux, spirituels et sociaux. L’individualisation correspondait à un mode de légitimation basé sur l’expérience individuelle. L’individu devait être responsable de sa vie et se construire lui-même comme sujet. Cet idéal d’autonomie est contesté par les effets cumulés des développements économiques, politiques et scientifiques qui renforcent les inégalités et qui génèrent une crise des repères, voire une incertitude généralisée pour ce qui concerne l’avenir. Cette situation alimente des positions idéologiques et morales fortement polarisées qui sont en interactions multidimensionnelles  avec le champ religieux.

Le CR12 accueillera volontiers des travaux consacrés aux effets de la religion sur le questionnement moral ou aux influences des métamorphoses contemporaines de la question morale sur la religion. Le traitement comparatif de ces deux dynamiques devrait contribuer à approfondir le débat sur la place et l’influence de la religion dans l’espace public. À titre d’exemple, nous suggérons quelques uns des nombreux thèmes qui pourraient prendre place dans le programme des sessions :

  • les dynamiques du pluralisme moral interne dans grandes traditions religieuses : tensions entre magistère,  éthiciens, ailes libérales et conservatrices, etc. ;
  • la gestion des différences d’opinion entre différents groupes de croyants et/ou de non-croyants dans l’espace public ;
  • l’exposition des institutions religieuses à la critique morale portant  sur leurs pratiques ou leurs normes dans le domaine financier, sexuel, organisationnel, etc.
  • la place différenciée du discours religieux dans le débat moral public selon les contextes politiques, sociaux ou culturels ;
  • la participation des acteurs religieux dans des mouvements sociaux associés à des formes de luttes pour la reconnaissance ;
  • la dimension religieuse des mouvements engagés dans la promotion d’un idéal moral relatif aux rapports sociaux, économiques, écologiques ou culturels.

Ces quelques exemples donnent une idée des questions plus génériques que nous voudrions traiter au congrès AISLF à Tunis. Quels sont les effets des changements des dynamiques morales sur le rôle social de la religion ? Quelles sont les stratégies des acteurs religieux par rapport aux questionnements moraux contemporains ? Quels liens peut-on opérer entre les dynamiques sociales engendrées par questionnements moraux de ce temps et la religion ? La sociologie de la religion peut-elle en retour éclairer ces changements ? Le croisement de ces thématiques devra enrichir notre connaissance des formes classiques, nouvelles ou réactualisées des liens et des rapports entre religion et morale et tendre vers une compréhension approfondie des questionnements souvent conflictuels découlant, au sein de sociétés en mouvement, des interactions entre changement social et religion. Les approches pourront être empiriques ou théoriques et se déployer dans les champs des différentes sciences humaines et sociales.