AISLF Tunis 2021

Le Congrès est organisé à distance

CR37 - Afriques en mutation

Correspondant pour le Congrès : Abel KOUVOUAMA - abel.kouvouama@univ-pau.fr


Appel à communiquer du CR37


Exigences démocratiques et enjeux normatifs dans les sociétés africaines contemporaines

Lors du dernier Congrès de l’AISLF en 2016 au Canada, le CR37 « Afriques en mutation » invitait à penser les figures de l’État et les sorties de crise en Afrique subsaharienne et à identifier les pratiques d'acteurs. Les faits sociaux restitués alors étant les recompositions politiques, économiques, sociales et culturelles des sociétés africaines sous les effets des mouvements sociaux, des conséquences des politiques d’ajustement structurel imposées par le FMI et la Banque mondiale, l’accentuation des rivalités entre acteurs politiques pour le contrôle, la conquête ou la conservation du pouvoir, sur fond de violences extrêmes et de déclenchement des guerres civiles ; les sorties de crise à travers des formes nouvelles d’invention et/ou de réinvention démocratiques qui ont laissé la place, tantôt à la défense des acquis démocratiques, tantôt à la restauration des autoritarismes politiques avec souvent comme conséquences immédiates le recours aux coups d’État militaires et aux tentatives de changement sur mesure des Constitutions. En prenant en compte dans la longue durée, à la fois les temporalités conjoncturelles et les contraintes institutionnelles, le sociologue et les praticiens des sciences sociales ont identifié dans le contexte de la globalisation des économies, les multiples enchevêtrements de normes, d’institutions et de pratiques d’acteurs.

En faisant ainsi écho à la thématique du Congrès, dont l’objectif est de réfléchir sur les métamorphoses de la question morale et sur la manière dont les sociologies s’en saisissent au cœur des sociétés contemporaines, les sessions du CR37 pourront aussi structurer la réflexion en prenant en compte les trois axes de réflexion, à savoir : 1) Sociologie et sujet moral ; 2) Controverses, action collective et engagements moraux ; 3) Institutions et dispositifs.

Il conviendra alors de s’interroger sur les questions suivantes : quels sont les rapports entre morale et éthique ? Comment penser sociologiquement les conditions de possibilité d’une société morale respectueuse des principes de justice sociale, de liberté, d’égalité et de respect des Droits humains dans les sociétés africaines contemporaines ? De manière générale, comment aborder sociologiquement la question morale dans la dynamique de développement (Ela, 1994) des sociétés africaines traversées de plus en plus par l'économie de marché, par les revendications sociales, politiques significatives et par les formes multiples d’invention et de réinvention démocratiques ?

Avec les exigences de la société civile à l’échelle continentale africaine et à l’échelle internationale, particulièrement des associations de défense des droits de l'homme, la question du droit à la vie, à la liberté et du respect de la dignité humaine n’a-t-elle pas cessé d'être du seul ressort de la  « souveraineté » des États nationaux fussent-ils africains, européens, asiatiques ou américains ? Car le principe de « l'ingérence humanitaire » utilisé par les ONG à l'échelle régionale et internationale ainsi que les expériences réussies ou avortées de médiation de paix parallèlement aux rencontres diplomatiques sur le continent africain en vue de ramener la paix civile informent sur les interdépendances et la connexion des mondes politiques, économiques, sociaux au sein desquels le sujet moral se trouve confronté.

Mais sans pour autant négliger ou privilégier la dimension institutionnelle de la démocratie ou tomber dans le double piège de l'uniformisation des expériences historiques particulières et de leur singularisation, il faut affirmer qu'il y a à la fois, une dimension historique de la démocratie et une pluralité d’expériences et de formes d'invention démocratique dans les sociétés contemporaines d'Afrique, d'Europe, d'Asie, des Amériques et d'Océanie. Ce qui conduit à identifier dans chaque expérience historique les forces porteuses d'idées démocratiques. En cela, n’y a-t-il pas intérêt pour l’analyse sociologique de toujours confronter dans une démarche comparée, les analyses, réflexions et observations  de  terrains ? De réfléchir sur les rapports entre universalité et particularité démocratique, sur l'utilité et la pertinence des procédures variées de délibération, de négociation dans l'invention démocratique et dans la résolution des conflits ?