AISLF Tunis 2021

Le Congrès est organisé à distance

GT25 - Sociologie de l'oralité et de l'art du conte

Correspondante pour le Congrès : Myriame MARTINEAU - martineau.myriame@uqam.ca


Appel à communiquer du GT25


Enjeux normatifs des savoir-raconter dans l’espace public contemporain

Dans nos sociétés, où la culture et l’art deviennent de plus en plus consuméristes, où les pratiques des conteuses et conteurs se veulent de plus en plus multidisciplinaires et « performatives », où se situe la « morale » du conte, sorte de leçons de vie pour nous permettre d’adopter une attitude de résurgence/résilience face aux inégalités et aux injustices sociales ?

Ce groupe de travail qui s’interroge sur les multiples formes de l’oralité contemporaine, où « raconter » devient aussi une manière de « se rencontrer », se questionne sur la hiérarchisation de la parole conteuse dans nos sociétés où les paroles des minoritaires (minorités ethniques, Autochtones, femmes, etc.) sont souvent méconnues et parfois discriminées. Pourquoi ne sont-elles pas reconnues à leur juste valeur ? En quoi ces paroles minoritaires se démarquent-elles du discours instituant sur la manière de structurer le monde où ce qui devient « remarquable », ce sont les dénonciations des inégalités, des discriminations, des rapports de domination ? Existe-t-il une sensibilité « morale » qui serait portée par les conteuses et les conteurs d’aujourd’hui et quel sens peut-on encore accorder à ces voix, qui s’opposent aux normes de spectacularisation, du « prêt-à-dire », d’un savoir-raconter « passe-partout ». Dans certaines sociétés, notamment des Suds, on commence par dire la morale du conte et en vérifier la justesse face à l’audience qui écoute, avant de pouvoir raconter. En quoi la sociologie peut-elle nous éclairer sur ces prises de paroles plurielles, parfois subversives, qui revendiquent la nécessité de construire un monde partagé avec plus de justice sociale et d’équité entre les femmes et les hommes ?

Nous aimerions discuter de ces enjeux normatifs de l’oralité d’aujourd’hui, où l’art pourrait être garant d’une certaine moralité, d’un engagement collectif pour entendre cette pluralité de voix, où les mutations du « Storytelling », surtout dans les domaines politiques, mais aussi artistiques, notamment avec le numérique et les nouveaux médias sociaux, ont provoqué des distorsions à la libre circulation de la parole et des récits dans nos sociétés. Nous aimerions aussi saisir les configurations contemporaines du conteur, son rôle social et politique face aux clivages existants dans l’espace public et comprendre comment d’autres savoir-raconter, moins standardisés, plus proches de la réalité de personnes en situation de vulnérabilité, de souffrance, peuvent se manifester et être entendus. Nous pensons par exemple aux immigrant·e·s, aux réfugié·e·s ou aux Autochtones dont les prises de parole sont souvent situées en arrière-plan du discours dominant sur les enjeux sociaux, politiques et économiques de nos sociétés. Seront également bienvenues les communications qui situent leurs recherches sur les « narratives », c’est-à-dire ces façons de mettre en évidence des émotions qui parcourent ces nouvelles manières de (se) raconter, de réfléchir à notre subjectivité pour recevoir ces paroles et ces récits.