Quand les nouvelles formes d’emploi ne tiennent pas leurs promesses : réalité des parcours des travailleurs indépendants en portage salarial
M. Jean-Yves OTTMANN
Freeland Group - Laboratoire Missioneo | PARIS - France
(avec : Dominique MAHUT)
Résumé : Le portage salarial est une forme d’emploi atypique, tripartite, permettant à un travailleur indépendant de se rattacher au statut du salariat (Kantorowicz, 2015; Loufrani, 2015). Un des principes de ce statut est de donner accès à des travailleurs indépendants à l’ensemble de la protection sociale associée au salariat. Une bonne maîtrise du système peut permettre d’aller jusqu’à des formes « d’optimisation des droits sociaux » (Louvion, 2018; Willmann, 2015). Toutefois, sous couvert d’une nouvelle forme d’emploi sécurisée, ce statut peut aussi être analysé comme une fragilisation des parcours d’emploi dans une dynamique « d’uberisation » (Louvion, 2019). Cette communication porte sur les données mensuelles financières d’un échantillon de 4891 individus qui ont eu des activités sous statut de portage salarial entre 2006 et 2018. Ces données ont permis de construire une taxonomie de cinq profils : • 25% : « temps plein » • 40% : « statuts transitoires, activités complémentaires et parcours difficiles » • 25% : « opportunités ponctuelles » • 7% : « établis » • 3% : « partis-revenus » Pour chacun de ces profils, les évolutions longitudinales de leur temps de travail et de leurs revenus ont été modélisées. Les résultats conduisent à postuler de l’incapacité du portage salarial en tant que statut à être une forme d’emploi pérenne pour les travailleurs, mais au contraire une ressource pour l’organisation d’un marché du travail fragmenté par les employeurs.