Faire urbanité, au-delà des troubles et tensions dans les espaces urbains
M. Olivier OCQUIDANT Université de Lyon, Centre Max Weber - Université Jean Monnet, Saint Etienne | SAINT ETIENNE - France
Résumé : Notre thèse expérimente une « ethnographie de l’urbanité » (Joseph, 1998) dans la ville post industrielle de Saint-Étienne. L’enquête appréhende les espaces publics via une « approche sensible » des moments ordinaires (Thibaud, 2015) : moments de passage, chalandise, promenade, rassemblements. L’interrogation porte sur les ambiances et l’expérience à travers « marches commentées », photographies et vidéos, et sur les épreuves de civilité à travers observations et entretiens (Pichon et al, 2014 ; Gayet Viaud, 2019). Ces occasions sociales sont parfois troublées car tendues entre plusieurs définitions situationnelles produites par différents acteurs (« normaux » et « stigmatisés », adolescents, personnes âgées) (Goffman, 1975 ; Breviglieri, Trom, 2003). La question du maintien d’un horizon d’expérience commun et public se pose alors. Ce maintien, garant d’un sentiment d’aisance, implique de déjouer les tensions au travers de signes de normalisation et de production d’ordinaire (Garfinkel, 2007). De telles « compétences citadines » aident à la production de valuations et d’attachements à la ville (Sennett, 2019 ; Hennion, 2009). La teneur sensible des moments urbains est à considérer comme une réalisation engageant les acteurs coprésents et d’autres (urbanistes notamment). La communication exposera quelques exemples issus du terrain développant une compréhension interactionnelle des émotions dans l’espace urbain, et interrogeant l’habiter de façon pragmatique.