Enfants activistes du climat et dynamique de l’agentivité
M. Daniel STOECKLIN Université de Genève - Centre interfacultaire en droits de l'enfant | 1950 SION 4 - Suisse
Résumé : Les grèves pour le climat constituent le mouvement social qui génère une participation d’enfants inégalée. Ce mouvement signale également l’émergence d’une nouvelle posture de l’enfant dans la société : celui d’entrepreneur de morale s’appuyant sur la science, à l’instar de Greta Thunberg, icône du mouvement, exhortant les responsables politiques à faire leurs devoirs. Cette exigence de réciprocité, par le fait qu’elle dérange, révèle en creux la place réservée habituellement aux enfants dans l’ordre générationnel (Alanen 2001). Cette contestation de l'ordre des choses (Foucault 1970) aboutit notamment à une plainte, présentée au Comité des droits de l'enfant des Nations Unies, contre les politiques climatiques de plusieurs pays. Cette étape procédurale est un jalon historique des changements dans les relations adultes-enfants, les plaintes et la désobéissance civile étant envisagées comme des moyens de faire entendre les enfants. L'icône dominante de l'enfant impuissant innocent est renversée par la nouvelle figure de l'enfant vigilant. Dans cette communication, une analyse des liens entre les discours et les actions de Greta Thunberg est proposée pour illustrer la dynamique de l’agentivité : l’auteur propose la notion d’ « horizons transactionnels » qui, en mettant l’accent sur la traduction de l’expérience sensible en un discours intelligible, permet de revisiter de manière originale les types idéaux de l’action sociale (Weber 1971).