« Je n’aime pas l’outrance » : réception des politiques d’égalité au ministère de la Culture (France)
Mme Marion DEMONTEIL
université Paris Dauphine - Laboratoire IRISSO (UMR 7170-1427) | PARIS - France
(avec : Alban JACQUEMART, Marion CHARPENEL et Reguina HATZIPETROU-ANDRONIKOU)
Résumé : La féminisation historique des emplois supérieurs du ministère de la Culture et ses liens avec le champ de l’art et de la culture, traditionnellement pensé comme égalitaire par ses membres, sont-ils le signe d’une économie morale du genre singulière au regard de l’ensemble des administrations ? Prenant pour objet la réception des politiques d’égalité femmes-hommes (quotas, labels, formations, etc.) par les membres de l’encadrement supérieur, cette communication analyse le rapport singulier du ministère de la Culture avec ces questions. L’enquête qualitative (une soixantaine d’entretiens biographiques) montre en effet que ces politiques font l’objet d’une large défiance. Plus qu’une euphémisation, constatée dans d’autres administrations (Marry et al. 2017), la question de l’inégalité des sexes est ici largement invisibilisée par les fonctionnaires, les conduisant à nier, voire contester, les politiques mises en place. Cette posture a partie liée avec les trajectoires des agent.es de la rue de Valois, mais aussi avec le sexe, les hommes se déclarant souvent lésés par ces actions. En outre, les politiques d’égalité des sexes sont contestées par l’idée répandue d’une « égalité déjà là », voire d’une sur-féminisation du ministère de la Culture. Le développement de la « grammaire paritaire » (Bereni et Revillard 2007) depuis la fin des années 1990 ayant contribué à réduire l’égalité femmes-hommes à sa dimension arithmétique, beaucoup d’enquêté.es jugent la situation satisfaisante et ne nécessitant donc pas d’actions correctrices.