La production du cannabis au Rif du Maroc : du paradigme prohibitionniste au paradigme du tolérable
M. Abdellah ES-SOUADI Université Hassan II Casablanca | CASABLANCA - Maroc
Résumé : Le Maroc serait, selon les rapports de l’Office des Nations Unis contre la drogue et le crime UNODC, le premier producteur du Haschich dans le monde. Pourtant, bien qu’il soit un sujet de controverse, le cannabis est considéré, dans la région du Rif surtout, comme quelque chose qui relève de la tradition liée à l’exercice de certains rituels religieux depuis plusieurs siècles. Mais, dès la période du Protectorat et après l’indépendance du pays le cannabis va basculer vers quelque chose d’illégale, de nouvelles normes juridiques vont apparaître après la ratification d’un certain nombre de conventions internationales portant sur l’interdiction de la culture du cannabis. Dans la pratique, le dogme répressif ‘’zéro cannabis’’ s’est traduit par l’éradication de la production du cannabis dans beaucoup de régions du pays. Cependant, il en était allé tout autrement au Rif. Les autorités sur place, essayent non pas de l’éradiquer mais à l’inverse, d’en circonscrire les limites dans l’espace. Autrement dit, la culture du cannabis dans cet espace rifain n’est pas interdite mais plutôt contrôlée. À partir de ma recherche de doctorat en cours en sociologie, je m’efforce dans cette présente communication de mettre en relief le processus par lequel s’est effectué, dans la région du Rif, un espace très connu comme « territoire de dissidence », la bascule de l’historique à l’interdit et aujourd’hui au tolérable qui est devenu un sujet de revendication identitaire située spatialement.