Socialisation morale et parentage : les principes moraux dans la transmission de savoirs
Mme Manon BLÉCOURT CISSS de Laval | MONTRÉAL - Canada
Résumé : La famille est souvent désignée comme le lieu privilégié de la transmission des « valeurs et des normes » fondant le socle moral des enfants. L’élevage des enfants donne, en effet, lieu à une panoplie d’activités qui malgré leur apparence anodine favorisent l’apprentissage de critères moraux. Notre communication visera ainsi à interroger comment se manifeste la dimension morale liée aux savoirs mobilisés, lors des interventions pédagogiques racontées des parents. Notre étude est basée sur l’analyse d’une vingtaine d’entrevues individuelles ouvertes, de type récit de pratiques, réalisées avec des parents d’enfants d’âge primaire du Québec. Elles ont porté sur l’éducation aux activités domestiques, de loisir et de sociabilité. Les résultats exposés montreront comment les connaissances, dont il est question dans ces discours, sont renvoyées à des interactions qui mettent en jeu des formes de réciprocité et une organisation sociale spécifique, justifiée et valorisée à travers des principes moraux. Par exemple, des éléments aussi triviaux qu’enseigner à l’enfant à ranger sa chambre, peuvent être renvoyés à la visée que l’enfant acquiert l’habitude de participer de manière «juste » aux travaux domestiques et être justifiés, par l’appartenance de celui-ci à la maisonnée. En examinant ainsi la sélection des savoirs à transmettre et les justifications données, nous viserons à mieux cerner l'intrication entre transmission des connaissances et socialisation morale.