Pratique footballistique des femmes et reconfiguration des rapports sociaux des sexes au Cameroun : une analyse à partir du cas des Louves de Yaoundé
M. Désiré MANIRAKIZA
Université catholique d'Afrique centrale - IRSA | YAOUNDÉ - Cameroun
(avec : Iyama MAHAMAT DOUNA)
Résumé : Traditionnellement typé masculin, le football tend à sa féminisation au Cameroun. Quelles stratégies mobilisent les filles pour conquérir ce sport, considéré comme l’un des derniers bastions de la masculinité ? Et quelle plus-value représente-t-il sur les conditions sociales, politiques et économiques des joueuses ? Basée sur approche ethnologique combinant des entretiens approfondis et des observations directes, cette communication ambitionne non seulement de documenter les stratégies de conquête du football par les filles du Louves, mais aussi d’analyser ce sport comme une expérience de reconfiguration des rapports sociaux des sexes. Entre des joueuses qui sont obligées d’achever des travaux domestiques avant d’aller jouer et qui, de ce fait, essaient de concilier pratique footballistique et ordre social ; celles qui choisissent la transgression des normes de genre comme stratégie de conquête ; celles qui se situent à équidistance entre les injonctions sociales liées à la féminité et les intérêts personnels d’affirmation de soi, les modes d’action sont nombreux et cette réflexion montre comment le football offre une tribune d’observation de la façon dont la société produit des normes et des contre-normes de genre. Entre reproduction et production de normes sociales, le football se présente comme un instrument d’émancipation des femmes, qu’il est important d’interroger pour cerner le changement social au Cameroun.