Entre « idéologie » et « contre-idéologie » pavillonnaire : tactiques des familles accedantes à la propriété d’une maison individuelle face à des référentiels moraux multiples
Mme Luisa SALIERI Université Franche Comté - Laboratoire de Sociologie et d'Anthropologie (LaSA) | BESANÇON - France
Résumé : Durant les Trente Glorieuses, des « mythologies » (Barthes 1957) ont pu se diffuser par le biais de nouveaux objets et pratiques de consommation. En particulier, la maison individuelle a été associée à une « idéologie pavillonnaire », c’est-à-dire à un mode de vie idéalisé lié à la valorisation de l’effort et à la stabilité professionnelle et familiale. À l’opposé de ce modèle, une sorte de « contre-idéologie » critiquait l’individualisme, l’isolement, le repli sur la vie familiale et les modes de vie polluants et « énergivores » des habitants des pavillons (Raymond et al. 1966). Aujourd’hui, face à un contexte de contraction économique, d’urgence environnementale et d’instabilité des relations familiales, certaines œuvres artistiques peignent un portrait « cachemardesque » (Debry 2012) de la vie en pavillon. En parallèle, des nouvelles idéologies urbanistiques promouent des solutions d’habitat et de transport dites « écologiques » (Némoz 2010b; 2010a; 2013) inspirées par l’ « utopie » de la smart city (Rabot 2019) et de la « sharing économy » (Schor 2014). Un travail ethnographique mené auprès des potentiels futurs acquéreurs d’une maison « sur plan », nous a permis de considérer la permanence de ces représentations hétérogènes. Il s’agira alors de rendre compte des tactiques employées par ces futurs habitants lorsqu’ils composant avec ces référentiels moraux et idéologiques pluriels afin de former leur propre regard sur leur projet d’installation.