AISLF Tunis 2021

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Communication #1188 présentée dans le GT24 - Sociologie des institutions

Les fondements normatifs d’un dispositif médical : le cas du « transsexualisme de l’harmonisation »

M. Jean BIENAIMÉ
EHESS-Ecole de Hautes Etudes en Sciences Sociales - CEMS - Centre d'Etudes des Mouvements Sociaux | PARIS - France

Résumé : L’introduction du « transsexualisme » en France, s’effectue dans les années 1950. L’expérience qu’en font les professionnels de soin s’opère d’abord sur le mode du trouble et de la panique morale. Une période critique s’ouvre alors jusqu’aux années 1980 où s’opposent psychiatres, endocrinologues et, plus tardivement des chirurgiens. Les débats se concentrent autour de trois axes : ontologiques – relatives à la manière de définir, de traduire, médicalement la transidentité ; épistémiques – faisant référence à la façon de distribuer les ordres de connaissance légitime ; et téléologiques – qui touchent aux finalités attribuables au dispositif de soin et à la médecine. Deux postures se dégagent : l’une conservatrice, qui repose sur une lecture négative du « transsexualisme » ; l’autre, compréhensive, qui tente de constituer le traitement hormono-chirugical comme un bien rare. Sur la base d’archives issues des revues médicales françaises, cette communication a pour but de restituer la manière dont s’est institué, en France, une médecine transidentitaire. Après être revenu sur chacune de ces postures et tenté d’en expliciter les bases normatives, nous montrerons que la mise en œuvre d’un dispositif hospitalier de changement de sexe résulte d’un compromis réalisé entre chacune d’elles. Le dispositif apparait alors comme un arrangement dont les fondements moraux reposent sur trois attentes : une attente de préservation de la santé, une attente de sécurité et une attente protection morale.