La mixité conjugale entre nouvelles pratiques et anciennes normes. Les attentes morales cachées des conjugalités contemporaines
Mme Beate COLLET Université Sorbonne Université Faculté des Lettres - UFR de sociologie et de l'informatique pour les sciences humaines | PARIS - France
Résumé : L’étude de la mixité conjugale révèle que le choix conjugal n’est pas uniquement une question d’homogamie sociale, mais également une question d’appartenance à un groupe partageant des mêmes pratiques et valeurs culturelles. Alors que la formation d’un couple avec une personne hors de son groupe n’est pas une pratique nouvelle, elle permet d’étudier la transformation des normes conjugales et sa progressive acceptation sociale. Car, parmi les couples mixtes qui se forment ces dernières années, notamment suite à des rencontres transnationales (séjours touristiques ou d’études, stages, internet) se trouvent aussi des couples atypiques sur d’autres critères (écart d’âge, décalage de statut social ou professionnel, langue ou religion différente). La communication s’intéresse tout particulièrement à ces couples dans la mesure où ils remettent en question les cadres normatifs et moraux de la conjugalité : qu’est-ce qu’un bon couple, un bon conjoint ? Elle montrera que les États européens par une politique d’immigration restrictive cherchent à maintenir une conception traditionnelle du lien conjugal qu’ils mettent en œuvre via des procédures de contrôles au titre de la prévention des mariages de complaisance. Quels sont les arguments mis en avant par les conjoints justifiant leur projet de vie commune au-delà du sentiment amoureux qui les animent et comment, ce faisant, ils dévoilent à la fois la prégnance sociale du faire couple et son renouvellement comme projet plus individualiste.