Salafisme et monde associatif
M. Sami ZEGNANI Université de Rennes 1 - Laboratoire Arènes (CNRS-UMR 6051) | RENNES - France
Résumé : Cette communication a pour objectif d’examiner les rapports entre le salafisme quiétiste et le monde associatif. Théologiquement, la mouvance salafie entend renouer avec ce qu’elle considère comme l’islam authentique. Ainsi dans cette perspective religieuse, la participation politique est totalement proscrite car elle est considérée comme une innovation occidentale profane, bien loin, selon eux, de la pure tradition musulmane. Ce rejet de la participation s’est accompagné d’une aversion pour toute forme d’innovation organisationnelle et c’est donc ainsi que théoriquement la forme associative au cours de l’émergence du salafisme en France, est apparue pour les salafis comme un modèle interdit. Mais au fur et à mesure de la diffusion du mouvement dans les quartiers populaires, les rapports parfois conflictuels entretenus entre les salafis et les gestionnaires des lieux de prières ont amené les premiers à revoir leurs positionnements vis-à-vis de l’activité associative pour obtenir parfois une indépendance dans leur pratique du culte. Comment les salafis mêlent-ils les codes de la culture associative et ceux du salafisme ? Comment conçoivent-ils les écarts avec le dogme susceptibles d’émerger de l’activité associative (élections, mixité sexuelle etc.) Les résultats présentés reposent sur deux travaux ethnographiques réalisés entre 1999 et 2006 dans deux villes de la région parisienne puis entre 2015 et 2017 en province.