Habiter en marge, dans la ville : disqualification sociospatiale et identités bidonvilloises au Maroc
Mme Myriame ALI-OUALLA Université de Bordeaux et École Nationale Supérieure d'Architecture - Centre Emile Durkheim | BORDEAUX - France
Résumé : En prenant la rocade autour de la couronne périurbaine de la ville de Salé, des constructions informelles dessinent des lignes irrégulières sur le paysage urbain qui s’étale. Et, en s’aventurant davantage dans la ville, on croise les mêmes structures qui s’organisent, en se densifiant, pour former des ilots et des quartiers. Cachés derrière une enceinte en dur, ou exposés - à moitié résorbés - aux regards des passants, les bidonvilles sont fortement cristallisés dans leur environnement urbain. Ceci dit, leur enracinement sans “racines” fait que leur voisinage, tout autant que les autorités locales, les considèrent comme marge sociospatiale et zone de non-droit vouée à disparaitre. Le bidonville, lieu de vie disqualifié, devient pourvoyeur d’identités disqualifiantes pour ses occupants. Ils sont alors partagés entre la désolidarisation du groupe de stigmate, et la volonté de revendiquer un “nous” et un droit à la ville en s’appropriant le lieu et en l’habitant. En se basant sur les récits biographiques et visuels de l’habiter dans des bidonvilles de Salé, il s’agit de comprendre comment se manifeste les appropriations spatiales et l’articulation des identités dans un contexte de disqualification sociospatiale, et quels décalages se dessinent entre l’image d’“immoralité urbaine” imputée au bidonville et la réalité habitante vue depuis l’intérieur.