Petites sociétés : dépasser les limites de l’idée de dépendance
M. Jacques BOUCHER Université du Québec en Outaouais - Dpt. de Travail Social et des Sciences sociales | GATINEAU - Canada
Résumé : L’idée d’ouvrir un chantier de réflexion sur les conditions de construction du savoir dans les sociétés dites « petites » par rapport aux grandes nations qui ont élaboré les bases toujours dominantes des grandes problématiques et des théories interprétatives en sciences sociales a émergé lors d’un colloque tenu à Sofia entre sociologues bulgares et québécois (Boucher, Fotev, Koleva 2001). Lors d’une autre rencontre plus diversifiée sur le plan international tenu à Ottawa et à Gatineau (Boucher, Thériault 2005), il a été avancé que les « petites sociétés » étaient caractérisées par la fragilité et surtout plus généralement par la dépendance et qui se reconnaissent comme telles. La poussée actuelle de certaines sociétés ou nations à tendre vers ce statut d’État-nation en même temps que l’auto-désignation de populations autochtones comme Première nations peuvent nous porter à aller de ce côté-là. D’autre part, on peut également se demander si la question de fragilité et de dépendance, y compris sur le plan culturel et de la connaissance, ne serait pas une conséquence, y compris lointaine, de diverses formes de colonialisme comme ce serait le cas, entre autres, dans l’espace québécois et canadien où se côtoient Premières nations et « nouvelles nations » (Bouchard 2019, Boucher 2019). Or, dépendance et domination coloniale n’entretiennent-elles pas incertitude et souffrance, ce qui soulèverait une importante question morale?