Le concept de travail émotionnel, une nouvelle opportunité pour l’analyse des rapports sociaux de sexe au travail ? L’expérience d’informaticienne en milieu de travail non-mixte
Mme Eléonore ROBINSON UNamur - Département des sciences politiques, sociales et de la communication | NAMUR - Belgique
Résumé : Certains des travaux inspirés de l’approche Hochschildienne, n’ont pas manqué de relever que le travail émotionnel attendu de la part des travailleur.se.s s’articulait différemment selon leur sexe (Desprat, 2015 ; Soares, 2000). Dans ces recherches, le travail émotionnel analysé se manifeste dans des relations entre les travailleur.se.s et leur clientèle. Mais qu’en est-il des relations entre collègues, plus précisément entre les informaticiennes et leurs homologues masculins ? Les entretiens que j’ai pu mener laissent entrevoir qu’en plus de devoir garder une certaine retenue vis-à-vis de client.e parfois surpris.e de voir leurs problèmes informatiques solutionnés par une femme – le milieu informatique étant considéré en Belgique comme majoritairement masculin – les informaticiennes se sentent aussi contraintes dans certains cas de subir sans riposte les remarques sexistes de leurs collègues. La piste de réflexion que je propose, à la lumière du concept de Arlie Russel Hochschild soulève à mon sens plusieurs questions et réinterprétations de ces situations. Qu’en est-il de l’impact de ce travail émotionnel doublé sur le maintien de ces femmes dans ces lieux de travail non-mixte ? Plus largement, la résistance au sexisme sur le lieu de travail peut-elle être perçue comme une forme de travail émotionnel ? Mon intervention aura pour but de proposer certaines pistes de réponses à ces questions.