Âges de la vie et morale des liens de dépendances
Mme Virginie VINEL Université de Bourgogne Franche-Comté - Laboratoire de Sociologie et d'Anthropologie (LaSA) | BESANÇON - France
Résumé : La communication explore les qualifications d’individu autonome ou de dépendant au regard de la hiérarchisation des rapports sociaux d’âges, de genre et de classe observée dans plusieurs recherches qualitatives portant sur la santé à l’enfance, l’entrée dans l’âge adulte et la vieillesse. Cette entrée permettra de questionner la moralisation des relations qui étayent les individus selon les âges, particulièrement la famille. On testera ici deux hypothèses. La première est que les supports familiaux à l’âge adulte, y compris concernant les gestes de la vie quotidienne, ne sont pas qualifiés de dépendances alors qu’ils le sont à l’enfance et à la vieillesse. Cette occultation découle des rapports sociaux hiérarchiques d’âges et de genre, l’âge adulte ayant été construit comme productif et autonome (Hockey, James 1993), les dépendances des « dominants » ne sont pas considérées comme telles. La seconde porte sur le « sentiment d’autonomie » à la vieillesse, que nous déclinerons selon les classes et le genre. Les aides rémunérées semblent garantir le sentiment d’autonomie dans les classes sociales élevées, alors que dans les classes moyennes et populaires, c’est un soutien familial – dans certaines limites – qui peut conférer ce sentiment d’autonomie. On assisterait ici à des formes de morales différenciées l’une privilégiant l’individu délié des dépendances via la monétisation, l’autre incluant l’individu dans un collectif de proches, via les affects.