La position du chercheur face aux personnes vulnérables et aux sujets sensibles
Mme Anne-Lise GRANIER
FMSH - LISST | TOULOUSE - France
(avec : Sophie DALLE-NAZÉBI et Sylvain KERBOURC'H)
Résumé : Interroger des personnes qui vivent avec un syndrome de Usher (surdité de naissance associée à une cécité nocturne et une restriction progressive du champ visuel), ou leur famille, c’est être confronté à des sujets sensibles et des personnes vulnérables. L’étude présentée croise des données sociologiques, psychologiques et médicales sur les parcours de vie des personnes qui vivent avec ce syndrome. Elle questionne la place du chercheur sur la méthodologie mise en place pour le recueil de données, lors d’entretiens individuels ou en travail de groupe, les différences de pratiques et de positions d’une discipline à l’autre (médecine/psycho/socio-anthropo), notamment lorsque l’entretien est mené en binôme ou à propos de documents de consentement, et (re)pose sans cesse la question de l’éthique dans sa pratique. Plusieurs facteurs induisent ces interrogations : le lieu de l’entretien (souvent à domicile et non dépourvu de neutralité), les postures et façons de parler (débit de parole, intonations), le suivi/fréquence des entretiens (ou non) auprès d’une personne identifiée en détresse au moment de l’entretien, la gestion de la vulnérabilité des personnes et les techniques employées pour inciter à la confiance, l’utilisation de la caméra auprès de sourds aveugles, l’observation (parfois participante), la présence d’un proche lors de l’entretien et la gestion de la place qu’il veut parfois donner au chercheur, ou des difficultés liées au recueil d’informations rendant compte de maladresses évoquées à l’égard de collègues médecins.