Quand « se mettre autour de la table et discuter » ne permet pas de se faire entendre. Conflictualité environnementale dans la région de Gabès en Tunisie
Mme Diane ROBERT Université Paris I Panthéon Sorbonne - Laboratoire Ladyss | AUBERVILLIERS - France
Résumé : L’émergence de nouveaux arrangements institutionnels en Tunisie après la chute du régime de Ben Ali le 14 janvier 2011 a été célébrée comme une « success story » au niveau international, ce qui a eu tendance à occulter la conflictualité sociale. Or, au niveau local, de nombreuses mobilisations mettant en cause les politiques de développement et les modes de gouvernement des questions sociales ont émaillé ces années post-soulèvement. Certaines d’entre elles se sont déployées autour de conflits d’environnement. Ainsi, dans la région de Gabès, des mouvements de contestation des débordements de l’industrie du phosphate ont pris de l’ampleur depuis 2011, suscitant l’intérêt des ONG et agences de coopération internationale, matérialisé notamment par la mise en œuvre d’un « projet de gouvernance environnementale » (PGE). Alors que la « bonne cause » de l’environnement, thème privilégié de l’industrie du développement, est envisagée sous l’angle de la promotion de la sensibilisation et de la « bonne gouvernance », outil de dialogue entre les différentes « parties prenantes », des mobilisations se sont également engagées dans des rapports de confrontation. Cette communication, basée sur des matériaux d’enquête ethnographique autour du PGE et des mobilisations à Gabès, se propose d’interroger la pénétration de la rhétorique de la bonne gouvernance et ses limites à l’aune de la capacité des acteurs mobilisés à obtenir la satisfaction de leurs revendications et à infléchir les politiques.