S'engager en politique… en tant que société civile ? De l'émergence de deux associations de jeunes en Tunisie
M. Riadh Amine BEN MAMI IEP Aix-en-Provence - CHERPA | AIX-EN-PROVENCE - France
Résumé : On considérera deux associations tunisiennes, Al-Bawsala, et I-Watch, nées en 2011-2012 à l'initiative de jeunes actifs et étudiants qui, au lendemain de la révolution tunisienne et, dans la continuité du processus constituant, ont décidé de s'engager, mais en tant qu'associations, pour surveiller ce processus. I-Watch cherche sitôt après les élections constituantes à fédérer des jeunes autour d'ateliers et débats pour sensibiliser les jeunes à la lutte contre la corruption. Devenant "point de contact" puis section de Transparency International, cette association tunisienne se professionnalise rapidement ensuite, entamant de nombreuses enquêtes et rapports. Al-Bawsala, créée par Amira Yahyaoui, militante proche des cyberdissidents de l'époque de Ben Ali (Lecomte, 2009), est elle une association qui se spécialise dans le reporting et le plaidoyer parlementaire et municipal. A partir d'un terrain amorcé depuis fin 2017, m'ayant permis d'accumuler une trentaine d'entretiens biographiques, et de suivre régulièrement les salariés d'associations de "surveillance de la démocratie" (Ben Mami, Gobe, 2019), il s'agira de considérer les modalités d'engagement spécifiques impliqués par ces organisations de jeunes, investissant par exemple de nouveaux outils, comme le numérique, ou les flashmobs. Etant attentif à l'histoire du mouvement associatif et des advocacy NGOs en Tunisie (Camau, 2002), on s'intéressera à ces nouvelles modalités de l'engagement politique à travers des espaces associatifs.