L'expertise ordinaire et démocratisation culturelle de la musique : une observation de la transmission culturelle dans les chorales
Mme Valérie THACKERAY Université de Lorraine - Département de sociologie et 2L2S | METZ - France
Résumé : L’observation de la transmission du chant choral a permis une réflexion sur le caractère social de la qualité artistique dont l’évaluation est attachée à des individus et des situations. L’expertise (entendue comme une évaluation qu’un individu peut apporter sur la base de son expérience) n’est pas l’apanage des experts : il y a une expertise ordinaire (Leveratto : 2000). En art, des individus développent une expertise par la fréquentation des œuvres et par la pratique quand ils sont artistes amateurs. Elle est aussi un enjeux des interactions, en particulier dans la relation de service (Goffman : 1961), où un individu profane s’adresse à un autre pour bénéficier de son expertise. C’est une manière pragmatique de revoir la notion de capital culturel (Bourdieu : 1979), non plus seulement comme un attribut ou un héritage mais une pratique. Enfin, nous avons rencontré sur le terrain le problème de « l’élitisme », dont certaines formes de productions culturelles et d’action culturelle ont pu être qualifiées. Cette appellation surprend lorsqu’il s’agit de productions amateurs ou encore d’actions culturelles qui se veulent inclusives et répondent à des envies des habitants de s’approprier des répertoires musicaux autrement inaccessibles pour eux. Ces situations nous confrontent à la perception ordinaire des différences culturelles et de la démocratisation culturelle, sur fond d’une question éthique : celle de l’égalité d’accès des citoyens aux biens culturels, fussent-ils considérés comme élitistes.