AISLF Tunis 2021

Recherche de résumés des communications présentées


Communication #1448 présentée dans le CR14 - Sociologie de la connaissance

Des festivals pour sauvegarder les traditions de masques africains ? Quand le « pathologique » se met au service du « moral »

M. Patrick NOUKPO
Université de Lorraine - SLTC, 2L2S | METZ - France

Résumé : André Malraux déclarait que « pour les Africains qui sculptaient des masques, ces masques se référaient à une vérité religieuse et non à une qualité esthétique. » Les masques en Afrique véhiculent une spiritualité et s’expriment dans un champ du sacré qui rythme, canalise et donne un sens la vie des peuples. Or de plus en plus, une élite de la population s’engage dans la création d’autres cadres de monstration des masques. Ainsi sont nés des festivals de masques dont les objectifs font l’unanimité autour du binôme « sauvegarde et valorisation », leitmotiv du domaine du patrimoine. Mais dans leur quête de défense des traditions populaires, ces événements artistiques et culturels engagent lesdites traditions dans un processus de mutation de valeurs fonctionnelles qu’on peut qualifier de « déplacement noétique » selon Antigone Mouchtouris. Dès lors que le spectacle de masque peut être désormais considéré comme une œuvre de création artistique, en considérant aussi bien la conception aristotélicienne de la temporalité dynamique que l’analyse hégélienne de l’art, nous pouvons reconnaître avec l’auteur que sur un plateau de danse d’un festival, l’exhibition d’un masque suscite une nouvelle « vision du monde » . Les pratiques de masques sont enracinées dans des codes éthiques qui sont de l’ordre de « la moralité des mœurs » (Nietzsche). Or, la probabilité est grande pour que ces valeurs et normes bougent du fait des enjeux des festivals que nous inscrivons plutôt dans « la moralité objective» (Hegel).