Bien-être et endettement : l’organisation financière des ménages a-t-elle un rôle dans la construction des émotions ?
Mme Caroline HENCHOZ
Haute école de travail social | SIERRE - Suisse
(avec : Boris WERNLI et Tristan COSTE)
Résumé : Les effets des dettes sur le bien-être subjectif ont souvent été considérés de manière globale. Se fondant sur des analyses transversales et longitudinales des données du Panel Suisse de Ménages, cette contribution montre que les personnes avec des dettes éprouvent plus souvent des sentiments négatifs que celles qui n’en ont pas. L’effet est néanmoins différencié selon le type de dettes. En Suisse, ce n’est pas le fait d’avoir des emprunts ou de cumuler différents types de dettes qui est le plus difficile à vivre mais le fait d’avoir des arriérés de paiement (primes d’assurance-maladie et impôts). En outre, l’état émotionnel se dégrade d’autant plus que la situation se prolonge. La dette étant mesurée au niveau du ménage et les affects au niveau individuel, nous investiguons également le rôle de l’organisation financière des ménages sur le bien-être émotionnel. Par exemple, le fait de mettre l’argent en commun ou de gérer le budget du ménage a-t-il un effet sur le ressenti individuel ? Sachant que l’état émotionnel est un indicateur de la capacité d’agir individuelle face aux difficultés économiques (Mullainathan & Shafir, 2013), les arrangements économiques des ménages nous semblent essentiels à intégrer afin d’aller au-delà d’une vision purement psychologisante des effets de l’endettement et ainsi engager des actions de prévention et de gestion de l’endettement adaptées à la réalité des ménages.