Que classent les plateformes de streaming ? Streaming musical, recommandations algorithmiques et musiques francophones québécoises
M. Romuald JAMET Université du Québec à Chicoutimi | CHICOUTIMI - Canada
Résumé : Les plateformes de streaming musical (Spotify, Apple Music, Deezer, etc) se présentent comme d’immenses bases de données qui se (re)classeraient indéfiniment à l’aune des « goûts » et des habitudes de consommation des utilisateurs(Jamet, 2019, 2020). Cependant, malgré ces promesses, certaines musiques semblent moins bien recommandées que d’autres, tant en terme qualitatif que quantitatif (Snickars, 2017). C’est notamment le cas au Québec où l’on a constaté une chute vertigineuse des auditeurs de musiques francophones locales sur les plateformes de streaming. Si la musique québécoise ne rencontre pas ses publics « affinitaires » sur les plateformes de streaming, serait-ce alors du fait des classements (indexation, playlisting, algorithmes, etc.) opérés par ces plateformes ou bien du fait des usages sociaux spécifiques qui en sont faits? Après avoir rappelé dans un premier temps quelques éléments factuels sur les plateformes de streaming musical et leurs dispositifs techniques ainsi que la structuration particulière de l’écosystème musical québécois, nous nous nous intéresserons aux usages sociaux de la musique au Québec à partir d’une enquête réalisée en 2018-2019 auprès d’utilisateurs de plateformes au Québec . Nous verrons notamment comment les québécoisenquêtés décrient non seulement les façons dont les musiques francophones québécoises sont (mal) classées et recommandées, mais aussi comment ces québécois-es se sentent culturellement et « identitairement » déclassés par les plateformes de streaming musical.