Des émotions urbaines aux mobilisations collectives : le cas d'une occupation lycéenne dans la région portuaire de Rio de Janeiro
M. David AMALRIC EHESS - CEMS / TEPSIS | PARIS - France
Résumé : Dans le cadre d’une enquête de terrain de doctorat sur les mobilisations collectives dans la région portuaire de Rio de Janeiro, j’ai participé pendant plus de deux mois à l’occupation par ses élèves d’un lycée situé au pied d’une favela. Inscrite dans un mouvement qui s’étend à l’ensemble de l’État de Rio de Janeiro, cette mobilisation n’en met pas moins en avant un certain nombre de problèmes locaux spécifiques (fréquence des affrontements entre la police et le narcotrafic, inégalités de traitement dans la rénovation des différents espaces), assortis d’émotions morales (d’indignation ou de révolte). En même temps l’environnement urbain influe directement sur les différentes tonalités et atmosphères affectives qui se succèdent au cours de la mobilisation : que ce soit l’enthousiasme collectif d’une petite manifestation qui s’approprie de manière ludique les avenues rénovées du port ; la terreur suscitée par une nuit d’affrontements armés à quelques mètres du lycée ; ou encore, la démoralisation collective entraînée par les coupures d’eau et d’électricité d’origine incertaine. Il s’agira de croiser ici la description ethnographique de ces différents moments et les modalités plus individuelles de l’expérience urbaine telles qu’elles sont formulées par les différents acteurs de la mobilisation (au cours d’entretiens ou dans le vif de l’action), afin d’éclairer le rôle central, dans la dynamique de l’action collective, du rapport affectif à la ville.