Les Amazigh soussis affrontent l’État
M. Ali JAFRY
Université Cadi Ayyad - Faculté des Lettres et sciences humaines - Département de sociologie | MARRAKECH - Maroc
(avec : Marouan LAMDABAR)
Résumé : L’on a considéré pendant longtemps, au moins dans l’imaginaire populaire et du pouvoir politique, que les Amazigh soussi sont pacifiques et n’oseront jamais se soulever. A la grande surprise du pouvoir en place, ils ont investit la rue de façon épisodiques depuis 2018. Ils ont mis en place deux coordinations de défense de leurs droits (coordination Akal et coordination Adrar) pour inscrire leur action collective dans la durée. Leur griefs : primo, l’Etat « spolie » leur terres et les annexe à son domaine. Secundo, L’Etat ouvre des zones de pâturages dans leurs territoires aux éleveurs du Sahara et ceux des pays du Golf (Qatar) par conventions. Tertio, l’Etat vient d’octroyer des licences d’exploration minière dans la région. Les soussi se sont insurgés localement. D’abord devant les bâtiments qui symbolisent l’autorité de l’Etat (Wilaya, provinces et préfectures). Sourde oreille. Ils ont alors décidé de déplacer leurs contestations à Rabat et à Casablanca, drapeau Amazigh arboré. Toute de suite l’Etat ouvre un dialogue. Mais aussi tout de suite les deux Coordinations divergent sur les priorités et les formes du militantisme !! Notre objectif, ces jalons posés, est de venir en détail sur la genèse du mouvement soussi. Un travail de description du processus. Relater ensuite le contenu des négociations État/représentants des insurgés en vue de saisir le rapport de force, les mécanismes d’influence et l’état actuel de la cause « soussi ». Le tout en focalisant sur la morale comme principe et comme moyen.