AISLF Tunis 2021

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Communication #151 présentée dans le CR12 - Religions et sociétés

Libéralisation du champ associatif religieux camerounais ou le règne de l’« individu privé »

M. Edmond VII MBALLA ELANGA
Université de Douala - Faculté des Lettres et Sciences Humaines / Laboratoire des Sciences de | DOUALA - Cameroun

Résumé : La religion a toujours été considérée comme une instance de socialisation et d’intégration. Si les hommes, comme le souligne Henri Bergson (1932), se tournant vers eux-mêmes, se sentent libres de suivre leur goût, leur désir ou leur caprice, et de ne pas penser aux autres hommes, la religion leur permet de se tenir comme les cellules d'un organisme. À la différence des mobiles individuels, qui tireraient chacun de son côté, la force religieuse aboutirait à un ordre qui ne serait pas sans analogie avec celui des phénomènes naturels. Cependant, la libéralisation du champ associatif camerounais, est porteuse d’une vision du monde qui tend à faire de l’être humain un être autosuffisant qui n’a besoin des autres que de façon ponctuelle. La multiplication des églises, des maisons de prière, etc. créé la compétition religieuse et fragilise le corps social. Elle finit par aboutir au « règne de l’individu privé ». Le pluralisme religieux, consécutif à la libéralisation du champ religieux, en multipliant les associations religieuses sort l’individu des grands carcans religieux pour les inscrire dans des micro entités religieuses avec à la clé la fragilisation du corps social. Horkheimer et Adorno (2003) démontrent que si la raison (un des fondements du libéralisme), selon la formule de Descartes, peut rendre les hommes maîtres et possesseurs de la nature, elle les livre chacun à des fins subjectives qui, pour leur équivalence, s’annulent elle débouche sur un monde où tout se vaut et où menace le nihilisme.