Entre démocratie et autoritarisme, le devenir écologiste dans la Turquie depuis les années 1970 à nos jours. Le cas de deux mobilisations contre des centrales à charbon dans des villes de province
M. Umut SARI Université de Lyon 2 - Centre Max Weber | LYON - France
Résumé : Comment devient-on militant écologiste en Turquie ? À travers la comparaison entre deux groupes mobilisés contre l’implantation de centrales à charbon à Adana et Bartin, nous distinguerons trois types de militants. Nous présenterons les critères choisis dans la classification des individus impliqués : origine et trajectoire sociales, parcours scolaires et enfin, raisons d’engagement. Un regard attentif sur les trajectoires des militants écologistes permet en effet de bâtir des profils de militant·e·s et de rendre compte des effets entremêlés d’une pluralité de facteurs : l’appartenance à une des trois générations étudiées, les sites de socialisation (à savoir la famille, l'école, le quartier, l'université et les organisations professionnelles), la configuration politique au niveau national et le contexte politique, économique et social de chacune des deux villes. L’accent sera mis sur les infléchissements et les continuités des représentations idéologiques de ces militant·e·s au fil de leur engagement, mais aussi sur les transformations biographiques et morales qu’elles entraînent. Le concept de « carrière » et le prisme d’une approche microsociologique contribuent à penser la dialectique entre l’expérience morale et subjective des enquêté·e·s confrontés à la contingence, et les déterminations qu’engendrent les dispositions intériorisées, le poids des socialisations antérieures et les forces des structures socio-politique qui les entourent.