Préférences entre grands-parents et petits-enfants : tabous et dénonciations
Mme Veronika KUSHTANINA Université de Bourgogne Franche-Comté - LASA | BESANÇON - France
Résumé : Si dans les familles françaises de nos jours, des attitudes égalitaires sont attendus vis-à-vis des descendants (Attias-Donfut et al., 2002), les liens sont rarement les mêmes entre grands-parents et l’ensemble de leurs petits-enfants, adolescents et adultes. Ce caractère électif des liens de grand-parentalité (Hummel, Perrenoud, 2009) repose sur les relations médiées par les parents, l’histoire de garde pendant l’enfance, sur l’ordre de naissance et sur les affinités, notamment genrées. Basée sur des entretiens biographiques au sein d’une trentaine de familles, cette communication interroge la production des discours sur ces préférences lors d’une enquête sociologie. En effet, les grands-parents font face au dilemme moral entre la cohérence du discours et la mise en scène de soi en tant que grand-parent. Si une relation jugée positivement avec un des petits-enfants suffit pour avoir une image positive de soi-même en tant que grand-parent (Cherlin, Furstenberg, 1992), un récit détaillé de l’ensemble des relations risque de mettre en lumière celles s’écartant de la norme de grand-parentalité affective (Attias-Donfut, Segalen, 1998). En revanche, les petits-enfants mettent facilement en récit leurs préférences vis-à-vis de leurs grands-parents car ils semblent soumis à aucune obligation morale d’attitude égale. Ainsi, cette communication va explorer les grammaires mobilisées des deux côtés pour expliquer et justifier les préférences.