« On vit comme partout ici ». Mobilisation de l’approche filmique dans le cadre d’une thèse menée sous la forme d’une recherche-action au sein d’une collectivité
M. Nicolas KÜHL Université Rennes 2 - Laboratoire PREFICS et ESO Caen | - France
Résumé : La dalle, c’est ce lieu paradoxal : lieu de passage mais aussi de rassemblement, lieu protecteur mais aussi lieu à éviter, lieu de vie mais dont il faut partir « pour s’en sortir ». La dalle, « ça craint » aussi. L’évocation même de ce lieu cristallise les discours sur l’insécurité, le vivre ensemble, l’immigration ou encore la pauvreté. La dalle c’est aussi des tours et des barres, héritage des années 60-70. Propice aux imaginaires, sa morphologie remplit une fonction signalétique de repérage dans l’espace de la ville. La dalle est sans aucun doute un personnage de ce film. Mais si l’approche filmique incite à construire et à interroger un lieu par l’image – le « travail sur » –, le film est également travaillé par le réel – le « travail avec » –. Ce « travail avec » prend la forme ici d’une rencontre, celle d’Abdou, « jeune » parmi d’autres, mais surtout « jeune de quartiers », identifié par ses amis comme parlant le « babtou », et surpris de mon intérêt pour lui et son vécu. A travers le personnage d’Abdou mais aussi de quelques autres qui viennent lui répondre par le truchement du montage, ce documentaire cherche à interroger une complexité sociétale autour des tensions socio-identitaires, des questions de légitimité sociale ou encore de reconnaissance. Le documentaire espère ainsi proposer une forme de mise en débat qui contribue à interroger à la fois le regard posé sur la marginalité et la place du·de la chercheur·se dans une telle démarche. Il devient alors support d’intervention sociale et de médiation.