La genèse du religieux comme le nouveau référentiel ambivalent pour le gouvernement des conduites dans « la Nouvelle Turquie d’Erdoğan »
M. Umit YAZMACI
Paris I Panthéon-Sorbonne | İSTANBUL - Turquie
(avec : Ali Kemal DOGAN)
Résumé : Recep T. Erdoğan qui se revendique le garant suprême de la défense du bien commun et de l’intérêt général d’une société religieuse, intervient régulièrement dans l’espace public pour la régulation morale de la société turque. Vu que le régime politique gagne décisivement le caractère autoritaire, Erdoğan ne cache point son envie personnelle pour la reconstruction de la société turque autour des valeurs religieuses. Dans ce cadre-là, les thèmes tels que l’adultère, le planification familiale, l’avortement, l’accouchement par césarienne, le tabagisme, la consommation de l’alcool, la cohabitation des garçons-filles dans les mêmes résidences universitaires, l’égalité des sexes, prennent vite des allures religieuses à la suite de l’intervention personnelle d’Erdoğan. Ces thèmes sont instrumentalisés par le président turc pour pouvoir mouler l'esprit moral de la nouvelle Turquie forgé par des valeurs de l’Islam sunnite. Erdoğan ne se réfère plus aux normes internationales pour la légitimation de l’action publique à adopter pour pouvoir orienter les comportements individuels au nom de l’intérêt collectif. Avec la dérive autoritaire du régime, l’islam sunnite devient désormais l’indispensable instrument de l’action publique pour le gouvernement des conduites individuelles. En partant de ce terrain fertile proposé par le cas turc, cette contribution se donne pour objectif de discuter la genèse du religieux en tant que nouveau référentiel pour le gouvernement des conduites dans « la Nouvelle Turquie d’Erdoğan ».