Le gouvernement moral des quartiers « insécures » au Caire. Justice environnementale, reconfiguration des codes d’intervention et urbanisme de la défiance
Mme Agnès DEBOULET
Université Paris 8 - CEDEJ. Rattachée aussi au laboratoire LAVUE | PARIS - France
(avec : Dalia WAHDAN)
Résumé : Dans un contexte de déni des quartiers précaires, un grave éboulement de terrain en 2008 au Caire a crée une situation d’urgence suivie de la création d’un fonds spécial pour les quartiers dits « à risque ». Les quartiers « insécures » sont une des catégories nouvellement créées afin d’autoriser une démolition autrefois inenvisageable. Sur une échelle allant de 1 à 4, le terme insécure ne jouit toujours d’aucune définition opérationnelle et englobe dorénavant plusieurs zones historiques, menacées d’expulsion. Cette communication repose sur deux recherches dans plusieurs de ces quartiers. D’un côté, elle regarde la production d’un nouvel ordre moral, sanitaire et urbain innervant les politiques publiques à travers la dimension classificatoire, de l’autre, elle observe les effets de ces politiques sur la création de nouvelles formes d’insécurité morales à travers le relogement forcé et ses aléas. Une nouvelle géographie à marche forcée est en train de se constituer et il est important de comprendre comment cette politique de reclassification y contribue en puisant dans le vocabulaire d’une nouvelle économie morale. Enfin, cette recherche se concentre sur les formes émergentes des mobilisations locales sur fond d’économie métropolitaine de rente. Comment l’expression d’émotions peu présentes dans l’espace public une décennie auparavant se fraie t-elle un chemin auprès du public et tente t-elle des arrangements avec des niches de gouvernance moins radicalement modernisatrices ?