Qu’est-ce qu’un quartier « gayfriendly » ? Enquête sur Le Marais (Paris) et Park Slope (New York)
Mme Sylvie TISSOT Université Paris 8 - Département de science politique | SAINT DENIS - France
Résumé : Les « quartiers gays » ont fait l’objet de nombreuses enquêtes en sciences sociales (Giraud 2014). Plus récemment, des chercheur-e-s ont pointé, et parfois déploré, le déclin de ces espaces, notamment sous l’effet de la gentrification. Nous proposons d’éclairer ces transformations à partir d’une enquête sur des quartiers où les habitant-e-s mais aussi différentes institutions locales revendiquent leur acceptation de l’homosexualité. Dans ces quartiers longtemps qualifiés de « gay » et aujourd’hui prisés par des ménages fortement dotés de toute orientation sexuelle, la grande majorité des habitants-e-s hétérosexuel-les se disent « gayfriendly » (Tissot 2018). Comment caractériser cette norme, et comment celle-ci vient-elle (re)organiser l’espace : entre les lieux où (et les formes sous lesquelles) l’homosexualité est visible, acceptée, et parfois recherchée, et d’autres où elle est toujours interdite, ou fortement contrôlée ? Nous montrerons comment les hétérosexuel-les tracent, en même temps qu’ils proclament leur progressisme, des frontières indissociablement spatiales et morales, entre une « bonne » homosexualité et une « mauvaise » homosexualité. Loin d’une division binaire entre ouverture affichée et homophobie cachée, nous introduisons plusieurs échelles, de la vie associative à la sphère amicale. Colin Giraud, Quartiers gays, Paris, PUF, 2014. Sylvie Tissot, Gayfriendly. Contrôle et acceptation de l’homosexualité à Paris et à New York, Paris, Raisons d’agir, 2018.