L'enfant "montessorien" : une nouvelle figure de l'enfant ?
M. Ghislain LEROY université Rennes 2 / Laboratoire CREAD | RENNES - France
Résumé : Depuis plusieurs années, la figure d’un enfant « montessorien » se diffuse dans de multiples sphères sociales : écoles publiques, écoles privées et familles en particulier. Il s’agit d’une représentation de l’enfant qui fait œuvre de circulation (Sirota, 2012) entre différents espaces sociaux. Il y a là matière à reprendre de nombreux travaux et à voir comment l’irruption de cette figure modifie les styles éducatifs familiaux (Kellerhals et Montandon, 1991), les ouvrages parascolaires (Garnier, 2016), ceux à destination des parents (Mietkiewicz et Schneider, 2013), etc. Cette figure de l’enfant montessorien prend des formes hétérogènes. Pour autant, elle semble avoir des caractéristiques qui se retrouvent régulièrement : engagement, intérêt précoce pour certains apprentissages, capacité à les poursuivre seul dans une certaine forme d’autonomie affective et cognitive. L’adulte qui encadre et forme l’enfant montessorien se caractérise par une certaine distance (l’enfant est censé être mué par une pulsion épistémique jugé naturelle) qui n’en est pas moins aussi un contrôle et une initiation subtiles aux comportements attendus. Nous restituons ici les résultats d’une enquête de deux ans, à laquelle ont participé quatre chercheurs français et suisse, dont nous pensons qu’elle contribue au courant de la sociologie de l’enfance et à la continuation du projet de recherche de Chamboredon (Sirota, 2020) d’éclaircissement du métier d’enfant en l’appliquant au contexte contemporain.