Du sentiment d’injustice aux processus de radicalisation dans les quartiers populaires urbains
M. Eric MARLIERE Université de Lille - CeRIES | LILLE - France
Résumé : L’« expérience de l’injustice » chez les « jeunes de cité » semble, au regard des enquêtes menées dans les « quartiers », atteindre son point culminant depuis le milieu des années 2000. Si les émeutes constituent la partie visible actuelle de l’iceberg, dans nos recherches quotidiennes, nous constatons que les sentiments d’injustice, d’abandon, de colère associés à la perception cynique au quotidien des institutions, sont omniprésents dans les discours des jeunes et moins jeunes rencontrés sur nos terrains. Rappelons, de plus, que ces jeunes ont été socialisées dans un cadre républicain qui promeut en quelque sorte un idéal de liberté, d’égalité et de fraternité. Autrement dit, nous observons des processus de radicalisation politique – et pas seulement lié à l’islam – dans la manière dont beaucoup de jeunes, des trentenaires voir des adultes matures qualifient la société française. Les personnes rencontrées sur nos terrains ne croient plus vraiment en la politique, se désintéressent du milieu associatif, vivent en retrait des institutions qu’ils estiment pour la majorité viciées et corrompues. Cette proposition de contribution a pour objectif de montrer en quoi le sentiment d’injustice est caractéristique de la construction identitaire chez beaucoup de jeunes évoluant dans les quartiers populaires urbains.