Covid-19 et pratiques professionnelles en psychiatrie : enjeux moraux et éthiques
Mme Hélène KANE
Université de Tours - Laboratoire EES Education, éthique, santé | BERNAY - France
(avec : Jade GOURRET BAUMGART, Laurence FOND-HARMANT et Frederic DENIS)
Résumé : Notre recherche, financée par l’ANR, s’intéresse à l’impact de la Covid-19 sur les pratiques professionnelles en psychiatrie, dans et hors de l’hôpital. Elle s’appuie sur un réseau d’experts européens issus de 23 pays. Outre une revue de littérature internationale, elle associe des méthodes quantitatives et qualitatives, avec la passation de questionnaires auprès de 2000 professionnels, ainsi que des entretiens individuels et de groupe. Les résultats préliminaires montrent qu’un ensemble de mesures ont été instaurées telles que l’adoption de gestes barrières, le recours aux tests de dépistage, l’isolement des patients suspects et positifs au Covid-19, la diminution des volumes d’activité. Afin d’assurer la continuité des soins, le recours à la télépsychiatrie s’est massivement développé. Ces adaptations consenties dans l’urgence se sont partiellement construites en dehors de guides déontologiques ou référentiels de "bonnes pratiques", plaçant les professionnels de la psychiatrie face à des dilemmes moraux. Devant le refus de certains patients hospitalisés d’adopter les gestes barrières ou de s’isoler, ils ont mis en balance recherche du consentement et protection contre le risque infectieux. La réduction des consultations a obligé à prioriser les patients les plus vulnérables. Enfin, l’usage des technologies numériques, qui questionne le cadre de relations thérapeutiques singulières, soulève de nombreuses questions éthiques, notamment de confidentialité, mais aussi d’inégale efficience et accessibilité selon les usagers.