L’intervention sociologique au prisme de la construction du récit collectif
Mme Sophie BRETESCHE IMT Atlantique - Dpt. Sciences sociales et de gestion | NANTES - France
Résumé : Cette communication propose d’interroger les modalités de l’intervention sociologique (Uhalde, 1999. Vrancken et Kuty, 2001). A partir d’une enquête conduite auprès des anciens mineurs d’uranium, il s’agit d’analyser le rôle du sociologue pour opérer un travail de mémoire et réinterroger la place des groupes sociaux dans la gestion de territoires à risques. L’histoire des mines d’uranium n’est pas linéaire et la « mise en intrigue » (Ricoeur, 1983) du passé s’est opérée tardivement autour des déchets laissés par l’exploitation mais en omettant le travail à proprement parler de la mine. Le cas des identités professionnelles des mineurs est à ce titre particulièrement intéressant car il s’inscrit dans des périodes marquées par des transformations institutionnelles, et dans des contextes caractérisés par une évolution des représentations sociales de l’activité : d’abord une période de glorification, puis de stigmatisation et enfin d’effacement de cette activité sur le sol français. Le récit des groupes sociaux dans une perspective de longue durée ouvre une piste heuristique du point de vue de l’intervention sociologique pour prévenir la question de l’obsolescence des savoir-faire passés et donner du sens au changement présent. En portant le regard de façon plus spécifique sur la trace, comme forme présente de rapport au passé et comme fait social, il s’agit de mettre en perspective le rôle de l’enquête sociologique pour faire émerger ces traces.