Se mobiliser pour l’enfance en migration. Enjeux moraux de la protection solidaire des jeunes en mobilité internationale
Mme Cléo MARMIÉ EHESS | PARIS - France
Résumé : Les conditions d’accès de plus en plus restrictives à la protection de l’enfance engendrent un nombre important de jeunes étrangers qui, évoluant dans une « zone grise » aux frontières de la minorité et de la majorité (Perrot, 2016), demeurent en situation de rue. Ces « interstices » de l’assistance publique sont investis par les mondes militants et bénévoles qui assurent une forme de « relai » entre le monde de la rue et la prise en charge institutionnelle. Cette contribution propose d’explorer ces univers interstitiels de la protection des jeunes en migration. À partir de l’analyse des formes solidaires d’hébergement (Babels, 2019), et en particulier de l’hébergement dans un « lieu de vie » occupé (le « squat »), il s’agira d’analyser les mobilisations morales autour de l’enfance perçue comme « en danger ». Qu’est-ce qui pousse des individus à s’engager bénévolement pour ces jeunes ? Que révèle l’organisation sociale des « squats pour mineurs » des mobilisations compassionnelles autour de l’enfance ? En explorant les porosités entre la prise en charge institutionnelle et extra-institutionnelle (et les modalités par lesquelles les pouvoirs publics contournent, s’accommodent, voire organisent ce bénévolat), et à travers une entrée par la crise sanitaire du Covid-19 qui a constitué une fenêtre privilégiée d’observation des mobilisations solidaires, il s’agira d’interroger les enjeux moraux de la protection informelle des jeunes en migration.